Mines : Quand Rusal fait diversion !
L’étau semble se resserrer sur la compagnie à Déripaska en Guinée. Après l’installation des députés et du nouveau gouvernement, les travailleurs de Rusal/Friguia abandonnés à eux-mêmes depuis près de deux ans par leur patron, ont pris l’initiative de prendre leur destin en main en adressant des lettres aux ministres, députés, syndicalistes, etc.
Ces derniers ont d’ailleurs mis en pole position ‘‘l’affaire des travailleurs de Friguia’’ dans leur plate-forme revendicative de cette année. Par ailleurs, selon nos informations, le nouveau ministre des Mines, Kerfalla Yansané, a signifié, poliment mais fermement aux représentants de Rusal en Guinée, qu’il donne priorité à la reprise des activités de Friguia.
La pression allant crescendo, Rusal, comme d’habitude a diffusé dans la presse un communiqué payant parlant de ‘‘réduction en 2013 de la production de l’aluminium de 8% par rapport aux indicateurs de 2012, jusqu’à 3,857 millions de tonnes’’.
Le même communiqué précise que : ‘‘partant des informations à disposition actuellement, à l’exception des circonstances non prévues, en 2014 l’on s’attend à la réduction du volume de production de Rusal jusqu’à 3,5 millions de tonnes dans le cadre du programme de réduction des capacités inefficaces lancé en septembre 2013.’’
il semble que le très dispendieux PDG de Rusal, Оleg Deripaska, a commenté en ces termes ces résultats diffusés, on le rappelle par sa compagnie en Guinée: ‘‘En 2013 la question fondamentale était la discipline de la production dans le secteur de l’aluminium. Rusal a été l’une des premières à réaliser le programme d’optimisation des capacités de production, dont les résultats ont permis de réduire la production de l’aluminium de 316 mille tonnes, ou de 8%, comparativement à 2012. En 2014 la compagnie va poursuivre la réduction du volume de production dans les usines qui sont économiquement non-rentables, de même soutenir la tendance existante sur le marché. L’effet de réalisation du programme de réduction des producteurs mondiaux, sur fond d’augmentation de la demande du métal a fait que déjà en fin 2013, le marché global à l’exception de la Chine était déficitaire. Cette tendance se renforcera pendant l’année en cours.’’
Nulle part on ne parle de Friguia dans ce communiqué. Cependant difficile de ne pas y faire allusion. Et pour cause : Rusal voulant fermer l’usine avait mis en avant la non rentabilité de celle-ci. Déficit qu’elle allait combler avec Dian-Dian. La russe de l’aluminium réussit ainsi à s’octroyer sur un plateau d’or, pardon de bauxite de haute qualité les gisements de Dian-Dian dont l’extraction la préoccupe plus que tout.
Alors questions : pourquoi Rusal tient vaille que vaille à exploiter Dian-Dian, si pour un avenir proche elle prétend réduire sa production de l’aluminium qui est un produit fini de la bauxite ? Pourquoi ressortir maintenant ces chiffres de mauvais augures qui ne sont attestés par aucune structure indépendante- en tout cas le communiqué n’en fait pas cas ? Si aux dires du PDG, le marché global à l’exception de la Chine était déficitaire, pourquoi ne pas justement aller sur ce marché ?
A bien des égards, Rusal, après avoir contribué à la mort de l’usine de Friguia, veut faire diversion. Dian-Dian est une nouvelle mine dont l’exploitation demande peu de moyens. Alors pourquoi investir à Friguia si on a déjà Dian-Dian ?
Aziz Sylla/Guinee7