Fraance: Remaniement, Ayrault va-t-il sauver sa peau ?
Jean-Marc Ayrault reconduit à Matignon, mais un gouvernement renouvelé, avec la possible entrée de poids lourds comme Ségolène Royal : le scénario du remaniement, maintes fois annoncé, se dessine pour l’après-municipales.
« Les rumeurs de remaniement, il y en avait quasiment au lendemain, j’exagère à peine, de la nomination du gouvernement en mai 2012, on s’est habitué à vivre avec », soupirait la ministre déléguée à l’Économie numérique, Fleur Pellerin, jeudi, en marge d’une réunion à Matignon. Pronostiqué à intervalles réguliers par la presse ou par des ministres et députés sous le couvert de l’anonymat, ce fameux remaniement devrait être mené à l’issue des municipales des 23 et 30 mars, avant que le gouvernement n’engage au printemps sa responsabilité devant le Parlement sur le pacte proposé par François Hollande aux entreprises. « Cela frémit beaucoup ces jours-ci dans les cabinets ministériels », confirme un député socialiste.
« Ça fait (bientôt) deux ans » que François Hollande a été élu, a rappelé cette semaine le ministre du Travail, Michel Sapin. « Et l’expérience gouvernementale que j’ai – pas seulement celle-là -, c’est que deux ans pour des ministres, c’est un temps long (…) tellement c’est intense, tellement c’est compliqué, tellement on est occupé, tellement on est préoccupé », a-t-il souligné. Englué, comme le chef de l’État, dans l’impopularité, M. Ayrault a été donné partant à de nombreuses reprises depuis deux ans. Il pourrait cependant être reconduit à Matignon jusqu’aux élections régionales et départementales de 2015, qui s’annoncent elles aussi à haut risque pour la majorité.
Une seule cartouche
« La Constitution de la Ve République donne au président le pouvoir à tout moment de changer de Premier ministre et donc, à partir de là, de changer de gouvernement. Est-ce que c’est souhaitable ? Je ne le crois pas, mais ça c’est au président de la République de juger », dit M. Sapin, ami de longue date de François Hollande. Aux yeux du ministre du Travail, l’ancien maire de Nantes « est un acteur extrêmement actif dans la conception du pacte de responsabilité. Il aurait donc, si le président le souhaitait, toutes les qualités pour être porteur » de ce projet. Et puis changer de Premier ministre cette année grillerait une cartouche importante avant 2015.
« Trois Premiers ministres dans un quinquennat, c’est la marque d’un échec, il ne peut y en avoir que deux », explique un membre du gouvernement, pour qui « le Premier ministre qui suivra Ayrault, c’est le Premier ministre de la campagne présidentielle ». Les collaborateurs de Jean-Marc Ayrault ne font « pas montre de fébrilité, persuadés qu’ils vont rester », renchérit un député PS. Plus que Claude Bartolone ou Martine Aubry, le populaire ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, fait figure de favori si le chef de l’État décidait toutefois de couper la branche Ayrault dès cette année.
Le retour de Royal ?
S’il reste à Matignon, Jean-Marc Ayrault devrait diriger une équipe resserrée. « Ce serait logique, au vu des efforts d’économies que nous devons faire, et puis le récent Conseil des ministres franco-allemand a donné des idées à Hollande », rapporte un ministre. Le 19 février, le 16e conseil franco-allemand avait en effet réuni à Paris les 38 membres du gouvernement français et leurs… 17 homologues allemands. « Le jour où il y aura une évolution, je pense qu’il faut une équipe très ramassée et en particulier (pour) tout le secteur de l’économie et des finances, (pour) ce grand ministère, il faut une équipe très resserrée », avait lui aussi estimé le 18 février Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.
Une équipe resserrée donc, mais avec l’apport de poids lourds de la majorité. Le nom de Ségolène Royal revient avec insistance. « C’est tout à fait possible : c’est une personnalité forte, c’est une personnalité éminente, c’est une personnalité qui a compté et qui compte dans le paysage politique français », a relevé M. Sapin vendredi sur RTL. Côté départs, outre certains ministres délégués, certaines sources évoquent l’éventuel départ de la Chancellerie de Christiane Taubira. Les Verts pourraient eux aussi quitter le navire gouvernemental, au prétexte d’une nouvelle reculade de l’exécutif sur la loi sur la transition énergétique en préparation.
Afp