Kouyaté: « Quand le bon chemin n’est pas suivi, il est mieux pour la morale de se ressaisir… »

Pour la promotion, la semaine dernière, de son livre à Paris  » Du Brasier Somalien à la chaleur Onusienne », l’opposant guinéen Lansana Kouyaté a de nouveau écorché le pouvoir en tirant à boulets rouges sur la politique agricole et minière de la Guinée.

Selon l’ancien Premier ministre, la discorde est partie quand le chef de l’Etat a voulu que les partis alliés s’effacent pour intégrer le RPG, son parti.

« J’étais du camp du président actuel. J’étais là parce que j’avais foi. J’étais là parce que j’avais confiance. J’étais là parce que je croyais que nous allions prendre le chemin que nous avons voulu dessiner ensemble. J’ai été celui qui a eu la lourde tâche de prononcer son discours de campagne alors qu’il était à l’extérieur. ( … ) Les choses ont commencé à déraper quand il a voulu que, dans le mouvement Arc-en-ciel, tous les autres partis s’effacent pour intégrer son parti, le RPG. C’était là la première fissure. »
Autre pomme de discorde, Lansana Kouyaté le remplacement des élus locaux : « l’un des actes qu’il a posés, c’est d’enlever par décrets tous ceux qui sont élus locaux, communaux : les maires, les chefs de quartiers qui ont été élus et qui ont été enlevés par décrets (…) Le chemin qu’on avait tracé n’a pas été suivi. Quand le bon chemin n’est pas suivi et que le mauvais chemin est irréversiblement celui que nous allons emprunter, alors, il est mieux, pour l’éthique et pour la morale de se ressaisir. C’est ce que j’ai fait. »

En citant un grand homme pour reprendre ses propos, M. Kouyaté indique qu’un pays sans richesse est un pays pauvre, mais « sans idéal ce n’est qu’un pauvre pays ». « Je crois que les potentialités de la Guinée ne pourront nous permettre de changer que lorsque nous avons de la bonne gouvernance, que lorsque nous avons un idéal fort qui rapproche le peuple », dit-il.

Parlant de l’agriculture, le président du Pedn indique le slogan du président Alpha Condé « la Guinée est un scandale agricole » est vide sens. Et pour cause ? 380 % de la population s’occupe de l’agriculture mais qui ne nourrissent pas les 100 %. 80 % s’en occupent, mais les 100 % ne sont pas nourris3.

Aujourd’hui, l’importation du riz en Guinée, c’est près de 400 000 tonnes par an que l’ Etat aurait pu économiser. Ce ne sont pas des terres qui manquent. La plaine de Monchon, par exemple, a près de 20 000 hectares de terres arables. Le long des fleuves, ça n’attend qu’à être aménagé. Je crois que les causes de la faillite de l’agriculture chez nous, c’est qu’on s’est contenté de l’agriculture de subsistance ».

Poursuivant, il dégaine sur la politique minière de la Guinée qu’il qualifie de mauvaise. « On dit que la Guinée est un scandale géologique. Mais, la Guinée a toujours appliqué une mauvaise politique minière. Les chiffres qui sont donnés sur la bauxite, le manganèse, le fer etc, ce sont des chiffres qui ne semblent pas refléter la réalité. Ce sont des statistiques qui datent de très longtemps. Comment, au sein d’un ministère, la recherche géologique est le département le plus pauvre et le plus démuni ? Pour pouvoir faire une bonne politique minière, il faut être sûr qu’on connait d’abord son sous-sol. Qu’on sache quelle richesse se trouve où et en quelle quantité ? ».

« Très longtemps, la Guinée est restée sans le savoir. Comment on peut faire une politique minière en se basant sur l’apport simplement de 51 % pour les expatriés et 49 % ou vice- versa. ( … ) Quand un pays est fermé, il reçoit de mauvais investisseurs. Mais, quand il est ouvert, il a le choix entre les bons et les mauvais. La politique minière a été mauvaise. Elle est encore mauvaise. Je rappelle que sous le président Alpha, lorsque tout le monde a dit que le code minier qu’ils avaient fait était mauvais, il a donné 10 jours à l’assemblée transitoire pour adopter ce code. Il a imposé que cela soit fait ».

« C’est quelque temps après qu’il se rend compte que lui-même se trompe. C’est un exemple », se désole l’ancien vice-président de l’alliance Arc-en-ciel, au second tour de la présidentielle de 2010.

« Je pense qu’on ne doit pas pleurer sur le sort de la Guinée, parce que ce n’est pas un problème surnaturel », lance-t-il enfin.

 

 

 

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