La Guinée va-t-elle renouer avec ses vieux démons de guéguerre politique ?

Le non-respect du chronogramme des élections communale et communautaire, initialement prévues pour le premier trimestre de l’année 2014, a fait monter la tension d’un cran sur l’échiquier politique.

Où l’opposition ne cesse de s’en prendre au gouvernement, accusant celui-ci de vouloir fouler au pied les accords signé le 3 juillet dernier entre les parties prenantes au processus électoral, et qui consacraient ce calendrier pour le déroulement de ces élections locales.

C’est le chef de file de cette opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo qui est à l’avant-garde de ces critiques vis-à-vis du gouvernement et qui prennent parfois un ton très acerbe.

Certains observateurs relativisent toutefois ces sorties « musclées » du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), en disant qu’il est dans son rôle d’opposant. Il faut souligner que cet ancien challenger du président Alpha Condé, lors du second tour de la présidentielle qu’il avait perdu, ne rate aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur le pouvoir en place.

L’opposant a d’ailleurs entrepris dimanche dernier une tournée en France, où il compte saisir les autorités françaises et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) autour du « non-respect » du calendrier électoral établi conformément aux accords du 3 juillet, selon la direction de son parti.

Sidya Touré, ancien Premier ministre et président de l’Union des forces républicaines (UFR), a quasiment le même discours que M. Dalein.

Le leader de l’UFR, parti qui vient en troisième position des forces politiques du pays en ayant obtenu 10 sièges de députés lors des dernières législatives, tient mordicus à la tenue des élections locales pour cette année.

C’est le même son de cloche qui émane du porte-parole de l’opposition Aboubacar Sylla qui, tout comme ces pairs se réfère aux accords du 3 juillet pour étayer son argumentaire, au gré de ses sorties médiatiques. Car l’essentiel de l’actualité politique reste quasiment dominé par ce quiproquo autour des communales et communautaires, devenue la pomme de discorde entre le pouvoir et l’opposition.

Pour sa part, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a profité d’une retraite qu’elle a effectuée en février dernier à Kindia, préfecture située à 150 kilomètres de la capitale, pour faire l’état des lieux de son fonctionnement.

Cette institution qui a toujours été au cœur d’une vive polémique depuis la période post-présidentielle de 2010, jusqu’aux dernières législatives, veut cette fois se mettre au-dessus de la mêlée. C’est du moins ce qu’elle a laissé entendre, en se gardant de fixer un calendrier électoral cette fois. Cette fois la CENI dit attendre qu’il y ait un consensus entre la classe politique, pour se hasarder à dévoiler un chronogramme électoral.

En attendant une réaction du gouvernement guinéen à cette préoccupation des partis politiques, le facilitateur international Saïd Djinnit s’est prononcé récemment sur cette nouvelle situation dans un entretien accordé à un magazine panafricain basé à Paris.

Le diplomate onusien a ainsi indiqué « qu’une partie de la solution réside dans la mise en œuvre des dispositions contenues dans l’accord du 3 juillet 2013 entre la majorité et l’opposition ».

Affirmant dans la foulée qu’il « n’existe pas de contentieux que le dialogue ne permette pas de dépasser ». Vu que « les parties se sont entendues sur des mesures d’apaisement et sur la nécessité de désigner un nouvel opérateur technique en prévision de la présidentielle. »

Un discours qui n’est pas pour déplaire à de nombreux citoyens guinéens, qui avaient commencé à se faire de nouveau des soucis, à cause des menaces proférées par l’opposition, de recourir à la rue, si les accords du 3 juillet n’étaient pas respectés.

Un tel scénario était pourtant considéré comme n’étant plus envisageable, avec la mise en place d’une nouvelle assemblée. Quand on sait que le président Alpha Condé a souhaité que le fonctionnement de cette institution fasse que « le débat politique quitte définitivement la rue pour le parlement ».

 

 

Xinhua

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