Scandale aux TP: La Proba contre « l’acharnement » à l’égard du ministre des travaux publics

Le jeudi 20 mars, l’Ong Promotion Baye (Proba), irritée par le battage médiatique autour du scandale de surfacturation au niveau des travaux publics, notamment dans le cadre de la réalisation des projets de réhabilitation et d’entretien des routes dans certaines localités du pays, a animé une conférence de presse pour parler « d’acharnement » contre l’un des cadres mis en cause.

 

A l’occurrence, Mohamed Traoré, l’actuel ministre des Travaux publics, et ex-directeur du Fonds d’entretien routier (FER).

Pour les responsables de cette jeune Ong,  loin d’être manipulés, la conférence consistait simplement à dire leur « vérité sur une éventuelle surfacturation au ministère des Travaux publics ».

Pour Fakoly Konaté, le chargé de communication de Proba, il s’agit tout simplement d’un acharnement soutenu par les médias contre l’ex-directeur du FER. Leur vice-président, Aly Camara, lui estime que cela constitue une diffamation.

« Nous avons mené une démarche vers les personnes ressources. Nous avons constaté que c’est de la pire diffamation contre une personne. Le modèle d’attribution des marchés entre les entreprises  partenaires et l’Etat ne se passe pas n’importe comment. L’appel d’offre est  fait par la direction d’entretien du fond routier.  C’est cette direction qui reçoit des dossiers  de contrat qui seront agréés par le ministre. Après ça on passe à la phase de sélection des entreprises, l’élaboration du contrat. Tout passe par la direction avant d’arriver au niveau du ministre », justifie-t-il. 

Donc pour lui,  les gens doivent « arrêter  d’accuser  n’importe comment. Même si on n’aime pas le ministre actuel, mais il ne faut pas qu’on l’accuse d’une chose qu’il n’est pas responsable», défend-il.

Mohamed Nana Camara, membre influent de Proba, est catégorique : « Nous nous sommes posé des questions de savoir si c’était un acharnement contre une personne, une manipulation ou une vérité. Car nous nous sommes rendus compte que les articles qui ont parlé de cette affaire n’ont pas su aller en profondeur », dit-il.

Pour lui, toutes les entreprises ayant bénéficié des marchés au niveau du ministère des Travaux publics avaient des liens amicaux ou parentaux avec le ministre Bah Ousmane.

« M. Bah Ousmane à son temps, attribuait des marchés par affinité. Je me suis bien renseigné sur ce Monsieur, je sais de quoi je parle. Ce Monsieur ne travaillait qu’avec ces neveux, amis et autres parents. Il y a même un de ses amis, quand  il n’était pas aux affaires lorsqu’ il partait aux USA, c’est chez  dernier qu’il habitait durant son séjour.  Depuis la nomination de M. Bah Ousmane au ministère des TP, il n’y a eu que quatorze (14) marchés dont neuf (9) ont été exécutés à nos jours », a-t-il révélé.

Il est revenu, en détail, sur les marchés dont les financements ont été revus à la hausse par des cadres impliqués dans l’octroi desdits marchés.

Selon lui, « le coût de réhabilitation de la route Kankan-Mandiana, longue de 92 km était de 249 millions GNF, alors que l’ancien DG du FER l’a extrapolé à 338 millions 258 mille francs. La réhabilitation de la route allant du rond point Gbessia au carrefour de Yimbaya avait un chiffre initial de 182 millions 371 mille GNF, mais elle a été revue à la hausse à 292 millions 371 mille GNF. Quant au tronçon Pont 8 novembre-Mosquée Fayçal, le coût global de réalisation qui était de 216 millions GNF a été revu à la hausse jusqu’à 326 millions 382 mille de nos francs ».

Aussi, indique-t-il, la réhabilitation de la route Sama-Bankoumana, longue de 72 km avec un coût de réalisation initial de 3 milliards 678 millions 665 mille GNF, a été gonflé jusqu’à 4 milliards 330 millions 841 mille GNF. Quant à la route Bankoumana-Kounsankoro, longue de 73 km avec un chiffre initial de 4 milliards 110 millions 487 mille GNF, a été rehaussé à 5 milliards 816 millions 679 mille francs guinéens, poursuit-elle.

Dans le fond comme dans la forme, la Proba reconnait qu’il y a eu surfacturation, mais d’une responsabilité collective. Pour eux, le ministre des Travaux publics d’alors avait tout le pouvoir de sanctionner le directeur du FER s’il y avait eu d’anomalie par rapport à son travail. Tout comme il avait le plein pouvoir d’annuler un projet lorsqu’il constate des anomalies sur les contrats.

Pourquoi ne pas laisser la justice faire son travail, lance un confrère ? « Nous, nous sommes contre l’acharnement, pourquoi nous sommes-là aujourd’hui », répondent-ils.

 

Zézé Zoumanigui

 

About Author

Abonnez-vous à notre newsletter