Drague : le bal des faux-culs en Afrique de l’ouest
Ils sont discrets, rembourrés et très à la mode en Afrique de l’Ouest… Zoom sur ces collants qui permettent aux femmes d’afficher de jolies fesses rebondies à moindre prix.
« C’est pour vous ou pour votre copine ? » Hilare et un brin moqueur, Amadou se faufile dans le dédale d’habits et de tissus bariolés de l’étage supérieur du marché central de Ouagadougou. Direction l’étal de sous-vêtements. Entre les soutiens-gorge et les petites culottes importées de Chine, il tire un boxer en coton noir, moulant et généreusement rembourré. « Voilà, un beau collant-bassin, s’esclaffe le jeune vendeur. Le principe est le même que les soutiens-gorge push-up ; c’est une sorte de trompe-couillons ! »
Dans une société où avoir les fesses rebondies est souvent un gage de beauté, ce subterfuge féminin en a dupé plus d’un. À en croire Amadou, « le business se porte bien » – il en vend une dizaine de modèles par semaine – et la technique est répandue. Pour se mettre en valeur, beaucoup de jeunes femmes ont recours à ces collants courts et ajustés, capitonnés avec de la mousse au niveau du fessier ou des hanches, et parfois même agrémentés de quelques dentelles.
Je n’ai pas la chance d’avoir un derrière très développé, donc j’en mets le soir quand je sors avec mes amies, confie Fatimata.
« Je n’ai pas la chance d’avoir un derrière très développé, donc j’en mets le soir quand je sors avec mes amies, confie Fatimata, 28 ans, pas gênée pour un sou. Bien enfilé sous une jupe ou un pagne, ça passe totalement inaperçu ! »
Des remèdes douteux, voire dangereux
Vendus entre 6 000 et 12 000 F CFA (entre 9 et 18 euros) pièce selon la qualité, ces dessous un peu spéciaux ont fait leur apparition en Afrique de l’Ouest au début des années 2000. Ils sont désormais vendus à Dakar, Lomé ou Bamako, mais sont aussi très demandés dans les magasins d’Aubervilliers ou de Château-Rouge, en région parisienne. Leur succès tient notamment au fait qu’il est moins risqué de développer ses formes en trichant – un peu – avec de la lingerie qu’en s’infligeant toutes sortes de traitements.
Car à se rêver en vénus callipyge, certaines jouent avec le feu : des dizaines de remèdes souvent douteux vantent monts et merveilles à celles qui seraient prêtes à se masser avec des crèmes à base de bave d’escargot, à utiliser des suppositoires d’huile de foie de morue ou encore à s’introduire de fameux bouillons cube par voie anale… De prétendus comprimés miracles ont aussi été inventés : à Abidjan, c’est le « C4 » (du nom d’un célèbre type d’explosif) tandis que la préférence des Kinoises va au Deca-Durabolin, un stéroïde habituellement utilisé par les culturistes.
Tous ces produits se trouvent facilement sur les marchés locaux ou sur internet, via des forums de discussion spécialisés et les réseaux sociaux. C’est à qui aura le plus beau botcho, le kigba le plus appétissant ou le bobaraba le plus rebondi (« fesses », respectivement en nouchi, mooré et bambara), au point que les professionnels de santé s’en inquiètent.
Ces prothèses artificielles constituent une supercherie que certains hommes finiront fatalement par découvrir.
« Je connais des filles complexées qui ont eu recours à ces méthodes, raconte Fatimata. J’y ai pensé à un moment, mais j’ai préféré ne pas tenter le diable. » Quand elle découvre le collant-bassin, il y a quelques années, elle pense avoir trouvé une parade sans danger à son petit popotin. Reste un détail non négligeable : la réalité des faits dissimulée par le textile trompeur. Ces prothèses artificielles constituent une supercherie que certains hommes finiront fatalement par découvrir.
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