Santé: Un premier cas de peste détecté en Chine
Les autorités chinoises ont interdit à la population de quitter la ville de Yumen, cité de 30.000 habitants mise en quarantaine après qu’y a été découverte une première victime de la peste bubonique, le 16 juillet.
«On croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête.» Une ville séquestrée, des habitants en quarantaine, des rats vagabondant dans les rues. La petite ville de Yumen de 30.000 habitants, au nord-est de la Chine, rappelle étrangement l’histoire de Bernard Rieux, retrouvé enfermé dans la ville d’Oran après une épidémie de peste dans l’ouvrage d’Albert Camus. À une différence près: il n’y a eu qu’un mort de peste bubonique le 16 juillet en Chine, ce qui n’est pas une pandémie.
La victime de 38 ans, qui voulait nourrir son chien, a chassé et découpé une marmotte. L’animal était contaminé car il avait été piqué par une puce porteuse de la peste bubonique. C’est par contacts physiques que la maladie est transmise à l’homme. Les symptômes s’enchaînent alors rapidement: fièvres, douleurs musculaires, maux de tête et gonflement des ganglions lymphatiques au niveau du cou, des aisselles ou de l’aine. S’ensuit la mort dans 50 % des cas si le patient n’est pas traité avec de puissants antibiotiques. D’après la loi chinoise sur la prévention et le traitement des maladies infectieuses, la dépouille de la victime devra être désinfectée, puis incinérée.
Pour le moment, il n’y a pas d’autres cas déclarés à Yumen. 151 personnes sont mises en quarantaine, mais «les habitants sont tous en bonne santé», précise la chaîne chinoise CCTV. «La ville dispose d’assez de riz, de farine et d’huile pour les nourrir pendant un mois.» Les véhicules doivent aussi contourner l’agglomération. D’après l’agence d’information chinoise Xinhua, des spécialistes sont envoyés sur place pour empêcher la propagation de la peste. Leurs objectifs sont de maintenir la population de rongeurs sous contrôle, de protéger les animaux de compagnie des puces et de vacciner les habitants, même si, selon l’Organisation mondiale de la santé, la vaccination n’est pas une méthode éprouvée de prévention lors d’une épidémie.
Souvenirs de la peste noire
La «peste noire» a tué un tiers de la population en Europe durant le Moyen Âge. Ce sont les conditions sanitaires désastreuses en Asie centrale durant les guerres entre les Mongols et les Chinois qui ont déclenché la pandémie en 1334. Les rats, porteurs de la maladie, embarquent sur des bateaux à destination de Messine, en Italie, en septembre 1347. La peste se propage à vive allure au sein d’une population affaiblie par la famine, le refroidissement climatique et les guerres.
Les médecins du XIVe siècle étaient impuissants face à cette maladie. Ils recherchaient la guérison en brûlant du chou, en pratiquant de nombreuses saignées ou en encourageant des processions religieuses pour éloigner les démons. Au XIVe siècle, la population mondiale est passée de 450 millions d’habitants à 350 millions.
La maladie n’est pas totalement éradiquée, mais les victimes sont rares avec seulement 1000 à 3000 cas déclarés dans le monde chaque année. Les épidémies sont généralement associées à des rats ou des puces infestés. De mauvaises conditions de vie et d’hygiène favorisent l’apparition de la maladie. C’est en Afrique que l’homme est le plus infecté par la peste. Le dernier cas en France est survenu en 1945.
Xinhua