Ebola: l’institut Pasteur se mobilise contre le virus
Comment lutter contre l’épidémie d’Ebola ? Une question à laquelle l’institut Pasteur tente de répondre en mobilisant son personnel dans les centres de recherche et sur le terrain. Au cours d’une conférence de presse ce mercredi 10 septembre, l’institut a fait part de l’avancée de ses recherches.
Avec 600 nouveaux malades chaque semaine, cette épidémie d’Ebola que connaît aujourd’hui l’Afrique de l’Ouest est de loin l’épidémie la plus importante qu’ait connue le continent. C’est pourquoi les médecins de l’institut Pasteur se mobilisent.
Une conférence de presse avec l’institut Pasteur de Paris et un représentant du centre de Dakar a eu lieu ce mercredi 10 septembre. Une manière pour les médecins de l’institut de rappeler que les 32 antennes du centre de recherche sont mobilisées dans la lutte contre la maladie. Une lutte qui prend notamment la forme de recherches sur le virus en lui-même. L’institut a mis en place une « task force » (force opérationnelle) sur le campus de Paris pour faciliter encore plus les recherches, les analyses d’échantillons et l’amélioration des techniques de diagnostics.
Laboratoire mobile
Une lutte qui mobilise aussi des équipes sur le terrain. Un premier laboratoire mobile a notamment été mis en place en Guinée forestière. Le but, c’est de doter la Guinée d’un équipement mobile et d’une capacité de diagnostic transportable. Les scientifiques sont en train de mettre en place un programme de laboratoires mobiles pour aller au plus près des populations et réduire la manipulation d’échantillons contaminés.
Le problème, c’est aussi que certaines communautés restent, malgré les risques, réticentes à venir en centre de soin. Pourtant, les médecins de l’institut Pasteur l’affirment : plus on vient se faire soigner tôt, plus les chances de survie sont grandes.
Un des axes de travail de l’institut sur le terrain est donc la prévention et la pédagogie.
Le rôle primordial des survivants
Les malades d’Ebola viennent dans les centres de traitement de plus en plus tôt, dès les premiers symptômes. En partie grâce au travail de pédagogie 40 à 50% de survivants de la maladie auprès des populations potentiellement réticentes à venir en centre de soin.
« Les patients peuvent avoir une peur dans un premier temps par rapport aux centres de traitement. D’où le travail de communication fait avec les survivants qui sont utilisés pour aller convaincre les autres patients de venir. Parce qu’un patient qui vient tôt, il a un meilleur pronostic pour son évolution et cela permet aussi de limiter les contacts potentiels qu’il pourrait y avoir », explique Amadou Sall, de l’institut pasteur de Dakar
Les médecins envisagent aussi de développer des vaccins et là aussi les survivants ont un rôle à jouer. On prélèverait leurs anticorps pour les injecter chez les malades afin de soutenir leurs défenses immunitaires. Une évolution importante pour Sylvain Baize, le directeur du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales : « Ca peut marcher et surtout au moins on aura la réponse. Le fait d’offrir ce traitement-là, même si ça ne marche pas d’un point de vue thérapeutique, ça marchera d’un point de vue social, car cela resocialisera les survivants ».
Pour l’instant, les médecins ne peuvent que traiter les symptômes de la maladie, pas le microbe lui-même, mais l’Institut Pasteur a mis en place une task force pour renforcer la collaboration des équipes sur le terrain, et accélérer les recherches sur le virus.
Les femmes, principales victimes d’Ebola
Les femmes sont les principales victimes du virus Ebola, c’est le constat que font les Nations unies. L’ONU a organisé une conférence à Dakar intitulée « Ebola en Afrique de l’Ouest : quel impact sur les femmes / filles » ? Selon l’organisation, 59% des décès en Sierra Leone sont des femmes.
Les autorités du Liberia, elles, estiment que les femmes représentent près de 75% des personnes décédées du virus. Joséphine Odéra est la directrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, elle explique pourquoi les femmes sont les plus visées par le virus.
Par Rfi