Tueries de Womey: l’ARGUIFA demande à l’Etat de réfléchir à la meilleure stratégie d’intervention en région forestière
L’Association des Ressortissants de la Guinée Forestière en Amérique (ARGUIFA) a appris avec amertume les évènements survenus dans la sous-préfecture de Nwomei, évènements qui se sont soldés par des pertes en vies humaines.
Elle condamne avec la dernière énergie ces actes de violence entre autorités et population, s’incline pieusement devant la dépouille mortelle de ces victimes et présente ses condoléances les plus attristées aux familles éplorées, a la région administrative de N’zérékoré, et a la nation guinéenne toute entière. Elle prie pour le repos en paix des âmes de toutes les victimes de cette tragédie.
Cependant dans l’état actuel des choses en Guinée Forestière, le Gouvernement et les autorités de la place doivent réfléchir, analyser et trouver la meilleure stratégie d’intervention dans n’importe quelle partie de la région. Notre population est analphabète dans sa grande majorité.
Par conséquent toute action qui doit être engagée en faveur de cette population devrait être préalablement expliquée pour faciliter son l’exécution sur le terrain.
L’ARGUIFA rappelle aux uns et aux autres qu’une antipathie s’est installée chez nos populations après les tueries perpétrées par les forces de sécurité de l’Etat et autres dans les localités de Zowota, Haoulo, Lanai, Galakpaye et autres. Ces tueries qui sont encore très fraiches dans la mémoire collective de nos parents sont restées impunies et aucune enquête n’avait été ouverte pour situer les responsabilités et traquer les coupables devant la justice. Une telle
injustice notoire à l’égard de nos populations les met sur le qui-vive et crée un sentiment d’antagonisme entre elles et les autorités.
L’ARGUIFA invite le gouvernement et tous ceux qui sont épris de paix à analyser objectivement ces évènements malheureux de Nwomei afin d’éviter que cela ne se reproduise ailleurs dans la région et en Guinée. Pourquoi avoir sauté sur de grandes sous-préfectures comme Soulouta et Gouécké pour aller faire une sensibilisation contre Ebola a Nwomei ? Une délégation de haut calibre comme celle-ci conduite par le Gouverneur avait-elle associé les sages de la communauté à une telle mission ? Y avait-il des cas suspects ou confirmés d’Ebola à Nwomei ? Les autorités avaient-elles préalablement informé la population de leur arrivée et obtenu son accord? Qu’est ce
qui aurait donc conduit cette population qui était d’ailleurs en fête de clôture des cérémonies d’initiation de ses filles à commettre cet acte? L’ARGUIFA lance donc un appel à une réflexion collective afin d’analyser les causes profondes de ces évènements pour les éviter à jamais chez nous. Entre ces violences et les facteurs exogènes qui conduisent à ces violences, l’ARGUIFA invite le gouvernement à éviter les déclarations intempestives et tendancieuses pour plutôt diligenter des enquêtes afin de démasquer les vrais coupables.
L’ARGUIFA invite toutes les parties à la retenue car la mort d’un guinéen dans ces circonstances est un mort de trop. Ce sont nos fils, filles, frères, soeurs et parents innocents qui meurent. Pourquoi devons-nous toujours continuer à verser le sang d’autres guinéens ? Le sang de nombreux innocents versé depuis l’accès de la Guinée à son Independence ne suffit-il pas ?
C’est le lieu de rappeler que la préfecture de Macenta a connu beaucoup plus de cas confirmés d’Ebola avec des morts qui s’en sont suivis. Malheureusement, l’ARGUIFA a constaté avec consternation qu’il n’y avait pas de centres de prise en charge à proximité des localités touchées.
L’urgence ne serait-elle pas de focaliser les efforts de traitement et de prévention dans les localités déjà touchées que d’entreprendre des campagnes de sensibilisation dans des localités qui apparemment n’ont jamais connu de cas d’Ebola?
Pour notre part, les réponses à toutes ces questions appartiennent à nous filles et fils de la Guinée mais surtout à nos autorités politiques et administratives qui devraient avoir pitié de ces populations qui souffrent déjà trop à cause de la misère et la pauvreté endémique auxquelles elles sont exposées.
L’ARGUIFA invite les autorités politiques, administratives, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les Médecins sans Frontières, les donateurs des aides à la gestion d’Ebola à revoir leurs
stratégies de gestion de l’épidémie d’Ebola en tenant compte des réalités culturelles des populations dans les localités où ils interviennent. Elle appelle les autorités du pays à la retenue et à faire preuve de sagesse et de discernement dans la gestion de cette situation. Elle interpelle surtout le gouvernement et les autorités à tous les niveaux à rendre d’abord justice des tueries passées perpétrées contre les populations par les forces de sécurité de l’Etat et autres avant de rendre justice dans les tueries de Nwomei. Beaucoup d’innocents croupissent dans les prisons et certains y ont laissé leurs vies pendant que les vrais coupables des crimes se promènent paisiblement parce que protégés par l’Etat.
L’ARGUIFA attire l’attention de toute la communauté internationale, les organisations des droits de l’homme et les organisations humanitaires sur cette situation particulière de la Guinée Forestière. Elle voudrait renouveler sa confiance aux autorités guinéennes qui doivent tout mettre en oeuvre pour que justice soit rendue de façon équitable et impartiale et que les vrais coupables soient soumis a la rigueur de la loi.
Vive la justice pour que vive la paix
Vive la Guinée
Pour le Bureau Exécutif Fédéral de l’ARGUIFA
Mme Yaramo Elise Soumaoro
Présidente