Womey : l’ONG Avocats sans frontières empêchée d’enquêter sur les tueries

La confusion règne dans le village de Womé, dans la région de Nzérékoré en Guinée-Conakry. Il y a trois semaines, huit personnes y ont été tuées alors qu’elles venaient faire de la prévention contre le virus Ebola. Ce week-end, une délégation d’Avocats sans frontière a été empêchée d’y entrer pour enquêter sur ce massacre. Elle a été bloquée à l’entrée.

Pourtant, selon Maître Michel Sonomou Labila, président de l’ONG Avocats sans frontières Guinée, elle disposait des autorisations nécessaires.

 

Le préfet et le gouverneur avaient dû fuir le village, désormais vidé de ses habitants. L’armée a empêché les avocats, accompagnés de journalistes, d’entrer dans le village, malgré des autorisations en règles. Maître Michel Sonomou Labila explique que sa délégation va exiger des explications du gouverneur ce lundi.

« Avant de bouger de Conakry, dit-il, nous avons adressé un courrier au ministère des Droits de l’homme et des libertés publiques qui est le ministère des tutelles des jeunes et de défense des droits de l’homme. Il n’y a pas eu de position. Il n’y a pas eu de contestation. Nous estimons que dans cette affaire douloureuse, les autorités cachent certainement quelque chose parce que depuis ces évènements, aucune structure indépendante neutre comme la nôtre n’a effectué le déplacement sur les lieux. Nous envisageons de rencontrer monsieur le gouverneur, d’abord de lui dire d’intervenir auprès des militaires pour nous restituer l’appareil [matériel de la délégation] qui reste encore en leur possession et qu’on ait des explications par rapport à ce refus. Nous allons tirer toutes les conséquences du droit qui s’imposent parce que nous sommes des avocats, des jeunes, des militants des droits de l’homme. Si nous, société civile, ONG de défense et de protection des droits de l’homme, nous sommes empêchés de faire notre travail, il va falloir que les autorités nous disent, nous expliquent les raisons de cette attitude des militaires ».

Réactions des autorités guinéennes

Pour le porte-parole du gouvernement, Albert Damantang Camara, la région de Womé fait encore l’objet d’une surveillance renforcée et c’est ce qui peut éventuellement expliquer pourquoi les forces de sécurité ont empêché la délégation d’Avocats sans frontière de rentrer dans la zone.

« Il est évident que la zone de Womé aujourd’hui est une zone sous tension, qu’elle fait l’objet d’une surveillance particulière. Ce qui s’est passé ne relève pas du simple vandalisme ou d’une simple infraction, des représentants de l’autorité de l’Etat ont été assassinés dans des conditions atroces. Donc effectivement, il y a un dispositif pour sécuriser les lieux et permettre également que l’enquête se déroule dans les conditions optimales. Il est évident aussi que le gouverneur avait donné des instructions pour qu’il y ait des patrouilles mixtes – armée, gendarmerie et police -, avec des pouvoirs bien déterminés et dévolus à chacune de ces entités. Et donc c’est sans doute pour empêcher qu’il y ait quelque pollution de l’enquête qu’Avocats sans frontières n’a pas pu accéder sur les lieux ».

A la question de savoir s’il n’y a jamais eu d’interdiction ultérieurement, lbert Damantang Camara répond sans ambiguïté. « Quand bien même une autorisation avait été donnée, si la justice considère que la présence d’individus non concernés sur les lieux où se sont déroulés ces crimes n’est pas opportune, libre aux autorités judiciaires d’en interdire l’accès », dit-il.

 

 

Par Rfi

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