Ebola: la panoplie des traitements expérimentaux et des candidats vaccins s’étoffe

La panoplie des médicaments antiviraux expérimentaux et des candidats vaccins, sur les rangs pour tenter de répondre à l’épidémie d’Ebola sans précédent qui frappe l’Afrique de l’Ouest, s’étoffe, tandis que les tests chez l’homme s’accélèrent.

TRAITEMENTS EXPÉRIMENTAUX

Parmi les traitements expérimentaux, figurent les trois les plus cités et un nouvel antiviral.

– Le ZMapp: il s’agit d’un cocktail de trois anticorps « monoclonaux », développé par Mapp Bio (Biopharmaceutical) et sa filiale LeafBio (basées à San Diego, Californie), en collaboration avec un laboratoire canadien de Toronto, et le soutien des gouvernements américain et canadien. Il est extrait du tabac.

Sans avoir fait l’objet d’essais cliniques, il a déjà été administré à titre compassionnel à plusieurs patients infectés par le virus Ebola. La Norvège, où vient d’être rapatriée une femme médecin de MSF, contaminée en Sierra Leone, est en passe de se procurer la dernière dose actuellement disponible, selon un haut responsable des autorités pharmaceutiques, Steinart Madsen. Selon le fabricant, « quelques centaines de doses » devraient être disponibles d’ici la fin de l’année.

– L’Avigan (le favipiravir ou « T-705 »), antiviral homologué pour la grippe, de Toyama Chemical (filiale du groupe FujiFilm) pourrait également agir sur Ebola. Un essai pour évaluer son efficacité, géré par la France, sur des malades d’Ebola doit démarrer en novembre en Guinée.

C’est le seul traitement potentiel en mesure d’être rapidement produit et pour lequel le groupe assure disposer de « réserves suffisantes pour plus de 20.000 personnes ». Autre avantage: il s’agit de comprimés plus faciles à utiliser.

– Le TKM-Ebola de la société canadienne Tekmira, a fait l’objet pour son développement d’un contrat de 140 millions de dollars du département américain de la Défense. 900 traitements pourraient être produits d’ici début 2015, d’après un document de l’OMS.

Parmi d’autres thérapies expérimentales, l’AVI-7537 de Sarepta Therapeutics, développé par contrat avec le Pentagone en 2010, qui a été efficace sur des singes présentant des symptômes d’Ebola (taux de guérison de 60 à 80%), selon la firme américaine. Le produit a été bien toléré lors d’un test sur un petit nombre d’humains non infectés. Une centaine de traitements pourraient être produite d’ici début 2015, selon un document de l’OMS.

– Le brincidofovir, un antiviral administré par voie orale, a été développé par la firme américaine Chimerix à l’origine contre d’autres virus (adénovirus et cytomégalovirus).

Cette molécule qui n’avait jamais été essayée sur des malades d’Ebola auparavant, a été administrée aux Etats-Unis à Ashoka Mukpo, cameraman de NBC soigné au Nebraska ainsi qu’au Libérien, Thomas Eric Duncan, qui vient de mourir.

Ce traitement vise à empêcher la multiplication du virus, selon Chimerix. Il fait actuellement l’objet d’un essai de phase III (dernière étape avant une demande de commercialisation) contre ces autres virus, précise la firme. Au total, mille personnes ont reçu cet antiviral.

L’utilisation de thérapies à base de sang de gens guéris (comme les sérums de convalescents), dans les pays affectés représente une autre option. « La transfusion de sang a démarré, à petite échelle », a récemment indiqué Marie-Paule Kieny, sous-directeur général de l’OMS, précisant que le nombre de transfusions pratiquées sur des malades d’Ebola devrait augmenter « au début de l’année prochaine ».

DEUX VACCINS « PROMETTEURS »

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de deux candidats vaccins « prometteurs »:

– Le vaccin (cAd3-ZEBOV), développé par la firme britannique GSK (GlaxoSmithKline) : il utilise comme vecteur un adénovirus de chimpanzé dans lequel a été inséré un gène du virus Ebola.

Les premiers tests sur l’humain, pour étudier son innocuité, ont débuté le mois dernier aux Etats-Unis (sur 20 adultes sains) et au Royaume-Uni (60 volontaires sains). Des phases expérimentales sont également prévues au Mali et en Gambie (40 volontaires par pays), selon l’association britannique caritative Wellcome Trust.

GSK devrait avoir 10.000 doses de ce vaccin disponibles début 2015, selon l’OMS.

– Le vaccin (rVSV-ZEBOV), développé par l’agence de santé publique du Canada à Winnipeg, dont la licence de commercialisation est détenue par la société américaine NewLink Genetics. Le début d’un essai clinique de phase 1 (portant sur des volontaires sains) est prévu en octobre aux Etats-Unis, selon l’OMS.

Le gouvernement canadien, qui a fait don à l’OMS de 800 doses, pourrait porter ce nombre à 1.500 voire 2.000 doses après les premiers tests sur les dosages.

L’OMS espère de premiers résultats des essais sur ces deux vaccins en novembre-décembre et le début d’essais de phase 2 (permettant d’évaluer l’efficacité du vaccin) dans les pays touchés dès janvier-février.

Par ailleurs, la firme Johnson & Johnson a récemment annoncé l’accélération du développement de son vaccin utilisant la technologie d’une société de son groupe, Crucell N.V., et celle d’une société de biotechnologie basée au Danemark, Bavarian Nordic.

 

 

 

Afp

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