Lutte contre Ebola: quand le président guinéen justifie le recours à la force
Le président guinéen Alpha Condé a justifié mercredi le recours à la force contre des populations récalcitrantes pour enrayer l’épidémie d’Ebola, qualifiée de « grand malheur » pour son pays.
« Il y a encore des gens qui croient que Ebola ce sont des histoires. Il faut que la presse se mêle de la sensibilisation parce que nous avons des difficultés sur le terrain. Nous sommes obligés de faire recours aux imams pour la sensibilisation », a déclaré M. Condé lors d’une conférence de presse.
« Nous sommes obligés parfois d’utiliser la force parce qu’il y a des gens qui refusent qu’on prenne leur température », a-t-il déploré, arguant que s’il s’agissait cas suspects, « on ne va pas attendre que la maladie se propage ».
« Nous avons un agenda, c’est finir le plus tôt Ebola et en Guinée c’est possible. Le Nigeria a pu le faire, le Congo-Kinshasa (République démocratique du Congo, NDLR) a pu le faire, il faut que chacun sache que c’est un véritable danger pour notre économie, nos hôtels sont vides », a souligné le chef de l’Etat.
« Si les gens ne veulent pas se faire traiter nous allons utiliser la force parce qu’on n’acceptera pas que la maladie se propage malgré tous les efforts que nous sommes en train de déployer », a-t-il insisté, qualifiant le virus de « grand malheur » pour la Guinée.
Plusieurs milliers de personnes ont été chassées de la localité de Womey, dans le sud du pays, à la suite du déploiement de l’armée sur place après le massacre de huit membres d’une équipe en campagne de sensibilisation par des habitants niant l’existence du virus.
Après des protestations, les autorités ont annoncé en novembre la démilitarisation de la zone, qui a entraîné le retour d’une partie de la population.
« Les crimes à Womey sont odieux » mais « cela ne justifie point que l’on s’inscrive dans une logique de sanctions collectives, de limitations excessives et injustifiées des libertés fondamentales », avait affirmé le ministre des droits de l’Homme, Khalifa Gassama Diaby, demandant le retrait de l’armée.
Au total, 32 personnes ont été arrêtées dans l’enquête sur les meurtres de Womey, d’après des sources officielles.
Des organisations de défense des droits de l’Homme et des médias mettent régulièrement en garde contre la tentation de l’autoritarisme dans les pays d’Afrique de l’Ouest frappés par l’épidémie, partie en décembre 2013 du sud de la Guinée.
Afp