Le roi Abdallah d’Arabie Saoudite est mort : Hollande salue « la mémoire d’un homme d’Etat, Barack Obama « un ami »
Le roi Abdallah d’Arabie Saoudite est mort vendredi, indique le palais royal dans un communiqué.
De santé fragile, le roi Abdallah, âgé de 90 ans, était hospitalisé à Riyad depuis le mois de décembre souffrant d’une pneumonie. Le prince Salman, âgé de 77 ans, lui succède sur le trône. Moqren, demi-frère d’Abdallah, a été nommé prince héritier.
« Son Altesse Salman bin Abdelaziz Al Saoud et tous les membres de la famille et toute la nation pleurent le Gardien des deux saintes mosquées, le roi Abdallah bin Abdelaziz, qui est décédé à 01h00 exactement ce matin », annonce le communiqué.
Monté sur le trône en 2005, à l’âge de 82 ans, à la mort de son demi-frère Fahd le roi Abdallah gouvernait en réalité le royaume depuis plusieurs années en raison de la mauvaise santé de Fadh qui l’avait désigné régent depuis 1996.
Lorsqu’il n’était que prince héritier, Abdallah a été l’un des artisans des fameux accords de Taëf qui ont mis fin à la guerre du Liban à la fin des années 1980. Devenu régent, il a oeuvré en faveur du rapprochement avec le rival de toujours : l’Iran, lorsque le réformateur Mohammad Khatami était l’homme fort à Téhéran. Au plan régional, le roi Abdallah a évité la tempête des révolutions arabes en puisant dans les réserves financières de son pays pour satisfaire la population en créant des emplois et en construisant des logements. Ces dernières années il a également rejoint la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique.
Sur le plan intérieur, il a longtemps passé pour être un réformateur et, lorsqu’il accède au pouvoir, il tiendra parole en partie en organisant les premières élections libres du pays. Elles n’ont concerné que les municipales et les partis politiques sont toujours interdits, mais tout de même… Tout au long de son règne, il devra tenir compte des doléances des libéraux tout en donnant des gages aux conservateurs traditionalistes.
L’histoire retiendra qu’il a été aussi celui qui a relancé le dialogue interreligieux, notamment avec le Vatican. En revanche, sur le plan des droits de l’homme, si les femmes ont gagné le droit de vote, elles n’ont toujours pas le droit de voyager seules ou de conduire. Et la peine de mort est toujours en vigueur.
Salman, le successeur
Nommé prince héritier en 2012, Salman, qui était également ministre de la Défense, représentait de plus en plus souvent le roi Abdallah à cause de ses problèmes de santé. Et depuis cette date il multipliait les visites en Occident et en Asie. C’est lui qui a fait passer Ryad, dont il a été le gouverneur pendant 50 ans, du statut de petite ville à celui de métropole régionale.
Il faut noter également qu’il possède un des plus puissants groupes médiatiques du monde arabe. Il pourrait suivre les pas de son prédécesseur : selon les documents révélés par Wikileaks, il estimait en 2007 que les réformes engagées par Abdallah devaient être poursuivies lentement, pour ne pas provoquer de réaction de rejet de la part des conservateurs.
François Hollande salue « la mémoire d’un homme d’Etat , Barack Obama « un ami »
Le président français François Hollande a rendu hommage au roi Abdallah saluant la « mémoire d’un homme d’Etat dont l’action a profondément marqué l’histoire de son pays et dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste plus que jamais d’actualité », indique l’Elysée dans un communiqué.
Si le roi Abdallah est salué par Barack Obama comme un « ami qui renforcé les liens entre les deux pays », les relations entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis n’ont pas toujours été au beau fixe, rappelle notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio.
Après les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis ont découvert avec stupéfaction que 15 des 19 terroristes qui avaient mené les attaques contre l’Amérique étaient Saoudiens. Nous sommes en 2001, et le prince Abdallah gère les affaires de l’Etat, alors que son frère, le roi Fahd est gravement malade. C’est une période de flottement entre les deux pays, période qui va durer pendant la présidence de George Bush, lorsque le prince condamne l’entrée des troupes américaines en Irak en 2003.
Les relations se sont à nouveau améliorées ensuite, par l’implication du roi Abdallah dans le processus de paix au Proche Orient, et l’initiative saoudienne sur la reconnaissance de l’état d’Israël.
Des liens qui n’ont fait que se resserrer, sur le plan militaire, l’armée américaine entraine plusieurs corps de l’armée saoudienne, des liens économiques, même si les Etats-Unis ont cherché à se défaire de la dépendance énergétique, des liens politiques enfin, le roi Abdallah a toujours été aux côtés de la diplomatie américaine, soutenant par exemple les frappes contre les terroristes de l’Etat islamique en Irak et en Syrie.
Par Rfi