Palais du peuple: Les consultations nationales lancées en Guinée pour la réconciliation

Le lancement officiel des consultations nationales en appui au processus de réconciliation nationale en Guinée a eu lieu ce mercredi au Palais du peuple. A l’initiative du grand imam de la mosquée Fayçal de Conakry, El Hadj Mamadou Saliou Camara et l’archevêque de Conakry, Mgr Vincent Coulibaly, co-présidents de la Commission provisoire de réflexion sur la réconciliation nationale (Cprn).

Elle  a été placée sous la présidence du chef de l’Etat guinée Alpha Condé. Une occasion pour permettre aux Guinéens de regarder dans le rétroviseur de leur histoire. La Guinée a traversé des moments douloureux marqués par des actes de violation des droits humains avec pour conséquences les frustrations.

Mgr Vincent Coulibaly a remercié le gouvernement pour les efforts consentis dans ce processus et le Système des nations unies pour son engagement constant. En présence de beaucoup d’invités issus de la société civile et des acteurs politiques, il dit que la Commission s’est inspirée des voyages d’études à l’étranger. « Des échanges que nous avons eus avec nos partenaires au développement nous ont convaincus que tous les processus de réconciliation ont le même objectif. Il était indispensable que notre pays trouve son propre cheminement tout en s’inspirant de l’expérience des autres », a déclaré l’archevêque de Conakry.

Il a indiqué que le processus de réconciliation dans lequel la Guinée s’engage procède de la lettre d’engagement entre le gouvernement  et la commission de consolidation de la paix des Nations unies. Elle porte, dit-il, outre la réconciliation nationale, sur la réforme des services de défense et de sécurité, l’emploi jeunes et l’emploi des femmes. 

Leur mission consiste à mener des réflexions approfondies pour faire des recommandations au président de la République sur les conditions de mise en œuvre et de réalisation de la réconciliation nationale en Guinée.

« Des Guinéens ont été victimes d’autres Guinéens. Les douleurs se sont transformées parfois en haine. Or le peuple de Guinée est uni par des liens séculaires fondés sur le respect de la dignité humaine, de la tolérance, de la compréhension, l’amour de l’autre », dit-il.

De mars à août 2015, des points focaux animeront des séances d’écoute de façon permanente pour recevoir des témoignages tant individuels que collectifs. Une phase qui sera suivie d’autres actions dans les lieux de prière autour de la réconciliation.

M. Louis-Marie Bouaka, le représentant du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, estime que ce 25 mars sera un jour mémorable dans l’histoire de la Guinée. « La réconciliation reste la meilleure voie pour construire un pont entre un passé et douloureux et un avenir apaisé. Fort heureusement l’idée de la réconciliation fait partie intégrante de la vision stratégique du gouvernement par le biais de la réforme du secteur de la sécurité, de justice et de l’administration », se réjouie-t-il. 

Le processus ne devrait pas faire l’économie de 4 éléments essentiels : le droit à la vérité, à la justice, à la réparation et aux garanties de leur exécution.

Le président Alpha Condé a rappelé que la Guinée a connu un passé douloureux, mais qui continue à poursuivre les Guinéens. Les exécutions extrajudiciaires se sont substituées à la loi. Le Camp Boiro, les événements de 1985, de 2006, 2007 et 2009 sont des tristes exemples qu’il a cités.

« Mais le plus grave, l’esprit communautaire a pris le dessus sur l’esprit national. Le manque de civisme et l’intolérance ont été généralisés. Se rendre justice est devenu un fait banal », déplore-t-il. Avant de tendre la main aux enfants des victimes à accepter de venir discuter pour aider à trouver des solutions.

 

 

Zézé Zoumanigui

 

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