Pression de l’opposition : « Si la CENI veut refaire le calendrier, je signerai le décret », déclare Alpha Condé à propos des élections
Le président guinéen a démenti l’usage de tirs à balles réelles par les forces de sécurité contre les manifestants de l’opposition lundi dernier. Alpha Condé a aussi réaffirmé que l’épidémie d’Ebola avait freiné fortement le développement économique de son pays.
Vous avez rencontré Barack Obama avec vos homologues du Liberia et de Sierra Leone. Etes-vous satisfait du message du président américain concernant la lutte contre le virus Ebola qui a déjà fait plus de 10.000 morts ?
Alpha Condé : « Nous avons remercié le président américain pour son leadership parce que son engagement a mobilisé la communauté internationale. Nous l’avons aussi remercié de son aide. Nous avons beaucoup insisté pour qu’il nous accompagne non seulement pour atteindre l’objectif de zéro cas d’Ebola mais aussi reconstruire nos économies. »
Avez-vous le sentiment que la mobilisation de la communauté internationale a diminué ?
« Nous savons que la communauté internationale s’est beaucoup mobilisée. Nous sommes d’accord qu’il faut atteindre l’objectif de zéro cas mais aussi reconstruire nos systèmes sanitaires. Il faut aussi annuler la dette de nos trois pays (NDLR : Guinée, Liberia, Sierra Leone) et lancer un plan Marshall. Cette épidémie a fait beaucoup de morts, d’orphelins. Nous avons évalué nos besoins pour les deux prochaines années. »
Pourquoi la Guinée a-t-elle échoué à atteindre l’objectif que vous aviez fixé de zéro cas d’Ebola d’ici le 15 avril ?
« C’est compliqué. La Guinée est d’abord trois fois plus peuplée que les autres pays. La France a mis des moyens pour aider la Guinée mais le Liberia ou la Sierra Leone ont eu les Etats-Unis, l’Angleterre et tout le Commonwealth. Nous n’avons reçu que 10 % des montants reçus par nos voisins. Je note que cela fait 45 jours que nous n’avons aucun cas d’Ebola en Guinée forestière, comme au Liberia. En revanche, on n’a pas fait les mêmes efforts à la frontière avec la Sierra Leone. Ensuite, notre pays est à 90 % musulman ce qui implique des rites funéraires. C’est maintenant seulement qu’on prend conscience qu’il faut plus donner plus de moyens à la Guinée. Nous concentrons nos efforts sur Forécariah d’où proviennent les nouveaux cas. »
Dîtes-vous aux Guinéens qu’il n’y aura plus d’Ebola dans le pays d’ici fin 2015 ?
« Notre espoir, c’est d’y arriver avant la saison des pluies. Si nous arrivons à résoudre le problème de Forécariah, nous résoudrons les autres communes.”
Quelle est votre lecture de ce qui s’est passé lors des manifestations de l’opposition lundi dernier ?
”Nous avons lancé un appel à tout le monde pour qu’on fasse l’union sacrée. Au moment de l’urgence sanitaire, il ne devrait pas y avoir de manifestation ou de mouvement de foule. ”
Les forces de l’ordre ont-elles tiré à balles réelles sur les manifestants ?
”Ce n’est pas vrai. L’armée est casernée. La gendarmerie et la police n’ont que des armes non-létales, du gaz lacrymogène. Par contre, des civils tirent sur les gendarmes avec des fusils de chasse. Je ne sais pas d’où viennent ces informations. Il n’y a pas un seul mort dans les hôpitaux. Nous faisons du maintien de l’ordre civilisé.”
Etes-vous favorable à l’organisation des élections locales avant la présidentielle prévue le 11 octobre 2015 ?
”C’est la Ceni qui propose les dates à tous les partis. Si la Ceni veut refaire le calendrier, je signerai le décret. Le ministre de la Justice est en charge du dialogue, je le laisse faire. Avec la meilleure volonté du monde, la Ceni a démontré qu’il était techniquement impossible d’organiser ces élections communales avant 2016. L’élection présidentielle, c’est une date, c’est impératif d’organiser l’élection à cette date, sinon, il n’y a plus de légitimité. Sachez aussi que les communes et les délégations spéciales ne jouent aucun rôle dans l’organisation des élections. Tout dépend de la Ceni.”
(VOA Afrique)