Nigeria : les récits terrifiants des femmes libérées des griffes de Boko Haram
Près de 700 femmes et enfants ont été libérés des camps du groupe terroriste par l’armée nigériane. « Chaque jour, l’une de nous mourrait nous attendions notre tour. » Ces propos sont ceux d’Asabe Umaru, une Nigériane sauvée des camps de Boko Haram par une intervention de l’armée.
Interrogée par Reuters à son arrivée au camp de réfugiés de Yola (Est du pays), elle raconte les conditions de vie atroces au quotidien dans la forêt de Sambisa, une vaste savane où se terrent les combattants de la secte islamiste et ses otages.
« Nous n’avions pas le droit de bouger d’un pouce, nous restions tous au même endroit, c’était de l’esclavage, » explique-t-elle. « Si vous vouliez aller aux toilettes, ils venaient avec vous ».
Surtout, cette prison n’avait rien d’une cage dorée. Les maladies et la sous-nutrition tuaient chaque jour une captive. « Même après notre sauvetage, dix d’entre nous sont mortes avant d’arriver au camp » se désole d’Asabe Umaru. Une autre rescapée témoigne des repas faméliques : des grains de maïs en fin de journée comme seul nourriture.
Et même après leur libération, les captives ont continué à payer le tribut de cette guerre sanguinaire. Boko Haram a pris soin d’installer des mines anti-personnelles dans la forêt, tuant ainsi trois femmes et un militaire nigérian au moment où un convoi partait vers les camps de réfugiés.
Voilà maintenant plusieurs années que la secte islamiste organise des rapts géants pour convertir les jeunes femmes à l’islam et en faire de véritables esclaves. La méthode est toujours la même : les terroristes dévastent un village en brûlant tout derrière eux. Les hommes sont tués devant les femmes et les enfants. Parfois, les jeunes garçons sont forcés d’exécuter leurs propres parents, tel un rite de passage, pour se faire embrigader par la suite dans le groupe. Les femmes et les plus jeunes sont emmenés de force.
En mars dernier, un jeune homme de 16 ans racontait au DailyBest sa captivité et sa fuite d’un camp de Boko Haram. « Ils tuaient tous ceux qui ne suivaient pas les instructions » raconte-t-il. « Les filles étaient souvent victimes d’abus sexuels et ceux qui se rebellaient étaient tués. »
D’autres servent de cuisinières et parfois même de boucliers humains. De plus en plus de fillettes opèrent ainsi des attentats-suicides, probablement sous la menace des geôliers. Pour mettre un terme à ces exactions, l’armée nigériane a lancé une vaste offensive dans la forêt de Sambisa ces derniers jours, sauvant ainsi 700 personnes.
Selon Amnesty International, 2 000 femmes ont été kidnappées mais apparemment aucune de celles qui ont été libérées n’appartenaient au groupe de lycéennes enlevées à Chibok en avril 2014. Leur disparition avait lancé un large mouvement de protestation à l’international.
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