Crise politique : Et si Alpha rejetait la relance de Cellou ?
La question se pose avec acuité, et ce n’est pas un caprice, loin s’en faut ! Dans l’atmosphère où chaque camp cherche à tirer la couverture à soi et à pousser l’autre à la faute devant les beaux yeux de l’opinion publique internationale, il faut chercher la petite bête partout chez les caciques et faucons des deux camps.
D’abord, dans le camp de Cellou, on peut deviner que nombre de personnes n’étaient pas d’avis qu’il répondît à l’invitation de Alpha, même avant la répression de la marche. Après la répression, c’était une autre paire de béquilles.
Evidemment, chaque camp cherchait, dans ce cas, à marquer des points avant de venir à la table des négociations. Le poids du plus fort compte toujours, et dans ce cas précis, il n’y a pas photo : Les leaders ont été poliment mais fermement séquestrés chez eux, le mot n’est pas de trop, plus qu’en résidence surveillée.
Même Dadis est plus libre comme oiseau en cage à Ouagadougou que les Dalein, Sydia et autres à Conakry, empêchés de voir ce qui se passait dans la rue. C’était frustrant comme quand Bâ Mamadou a été mis au gnouf par Lansana Conté et qui croyait que ses militants allaient mettre Conakry à feu et à sang, à cause des démolitions des constructions anarchiques de Kaporo-rail, que dalle…
Par contre, les militants de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée) ont fait de leur mieux, puisqu’on croit savoir que les forces de l’ordre ont usé leur stock de gaz lacrymogène à Kosa, sans venir à bout des manifestants. Mais que n’ont-ils utilisé les gaz hilarants, c’aurait été plus drôle de voir des lanceurs de cailloux, policiers et gendarmes rire comme des bossus….
La répression a été telle que, à force de ne rien pouvoir contre les forces de l’ordre déterminées, les manifestants de l’opposition, ceux de Cellou Dalein particulièrement, dans leur fief, à la Cimenterie, à l’autre bout au nord-est de Conakry, s’en prenaient à tous les passants.
Que les Guinéens en viennent maintenant à se demander : « Tu es Hutu ou Tutsi ? » est déjà une chose de grave, mais le silence des leaders du Fouta, toutes obédiences comprises, à commencer par Bah Oury, Bah Ousmane, Saliou Bella Diallo, Cellou Dalein Diallo, en est une autre de plus dangereuse et contre productive.
Seules les civilisations en déclin ont eu besoin de ce genre de fatuité, d’arrogance et surtout d’hégémonie raciale et ethnique. Les Nazis n’ont pas pu venir à bout des Juifs, les Hutus n’ont pas pu exterminer les Tutsis…mais au-delà, n’y-a-t-il pas une spiritualité qui condamne de tels idées et actes ?
Après le match de la dernière marche, dont le score est sans appel, donc, l’invitation d’Alpha ressemblait à une galéjade de mauvais goût, derrière laquelle un pied de nez se dissimule. Il était difficile de ne pas tâtonner avant de prendre une décision raisonnable et consensuelle.
On a assisté à un ballet de communiqués et de communications de la part de l’UFDG. Finalement, après réflexion et tout orgueil ravalé, l’on a consenti à accepter que Cellou aille voir Alpha, cette fois-ci, A UNE DATE A SA CONVENANCE. Voilà que l’orgueil d’Alpha vient d’être fouetté et caressé à lisse-poil.
On devine que les caciques et faucons, les courtisans, rampants et croquants de ce camp se sont tant réjouis de cette « capitulation » que certains ont dû impulsivement clamé au rejet de cette relance de l’autre camp.
La dernière question qu’on peut se poser, d’autant que les équilibres sont maintenant rompus : Qu’est-ce que Alpha Condé va concéder au chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, pardon, pas qu’à lui seul, mais à la réconciliation nationale, à l’opposition républicaine même s’il y a des intellectuels obtus dans cette Guinée qui pensent qu’il n’y a pas lieu de parler de réconciliation nationale dans une telle atmosphère.
Moïse Sidibé
In guineenews
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