Ebola : Le poids de la crise sur l’économie guinéenne

La crise Ebola dont on redoutait les effets sur l’activité économique a eu un impact important sur des secteurs tels que le tourisme en Guinée.

Une situation qui a également pesé su le cadre macro-économique, contraignant le gouvernement à des révisions successives de ses prévisions de croissance, maintenues à 1,3% en 2014 contre des projections initiales de 4,5%.

 Jean-Noël Duprat est un Français installé depuis une vingtaine d’années en Guinée où il a ouvert une maison d’hôtes en 2003, « La Villa Elijah », dans les îles de Loos, au large de Conakry. Cette structure est spécialisé dans l’organisation de séjours pêche sportive, de chasse sous-marine, de danse & percussions mandingue et du Trekking. Mais depuis l’apparition de la fièvre Ebola, elle n’a reçu aucun contact mail ou téléphonique de futurs clients prêts à venir découvrir la Guinée et à venir y faire un séjour.

« Notre taux de remplissage annuel sur les 2 dernières saisons est de 10%. Dramatique ! », déplore celui qui se fait appeler Jeannot Conakry. Il met en cause l’influence des médias étrangers, dont ceux de France, où « ils croient qu’il y a des morts d’Ebola le long des routes de la capitale », Conakry.

« Nous sommes proches de la faillite, nous finissons nos dernières économies des années passées et nous ne pouvons même pas quitter le pays pour aller visiter la famille en France pendant la saison des pluies ! », explique Jean-Noël.

Au plus fort de l’épidémie Ebola, partie en décembre 2013 du sud de la Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone, la plupart des grandes compagnies aériennes avaient suspendu leurs vols vers la Guinée et les autres pays touchés, le Libéria et la Sierra-Leone.

De même, ces pays ont vu leurs échanges avec leurs voisins fortement impactés par les mesures de frontières décidées par certains pays dans le but de se prémunir d’Ebola.

Dans ce contexte, le soutien attendu de l’Etat s’est fait désirer, si l’on en croit M. Duprat. « Nous sommes seuls, sans aucun soutien de l’Etat et nous devons toujours payer nos taxes au ministère du tourisme à 100%, ainsi que nos impôts au ministère des Finances. C’est grave ! Si ce rythme continue, c’est la mort des PME touristiques », prédit cet opérateur touristique.

 

Limiter les dégâts

C’est que de son côté, le gouvernement semble occupé à limiter les dégâts causés par l’épidémie Ebola qui a fait perdre à l’Etat guinéen plus de mille milliards de francs guinéens de recettes intérieures en 2014, a indiqué le ministre guinéen de l’Economie et des Finances, Mohamed Diaré.

S’y ajoute que l’épidémie a induit une révision à 1,3% de la croissance guinéenne, précédemment projetée à 4,5%, ensuite puis revue en baisse trois fois, à 3,5%, puis à 2,5% et enfin à 1,3%, en raison notamment d’un « ralentissement» et même d’un retrait de certains projets dans le secteur des mines ou ailleurs.

Dans le même temps,  le taux d’inflation, projeté à 8,5%, s’est retrouvé à 9% au 31 décembre 2014, a indiqué le ministre guinéen de l’Economie et des Finances, dans un entretien à Radio City, une chaîne émettant à Conakry, la capitale guinéenne.

Il y a aussi que le budget de l’Etat guinéen «a perdu des recettes intérieures de plus de mille milliards de francs guinéens », une situation résultant notamment de l’augmentation de « dépenses indirectes, qui ne sont pas liées à la riposte contre la maladie », a indiqué le ministre guinéen de l’Economie et des Finances.

Des « coûts additionnels » induits par exemple par les matchs que le Syli national de Guinée devait disputer à domicile, délocalisés au Mali ou Maroc, dans le cadre de compétitions internationales.

De même, le ministère de l’Economie et des Finances a été obligé d’organiser à Paris (France), en novembre 2014, la cinquième revue de son programme de coopération avec le Fonds monétaire international (FMI).

 « Au début de cette année, résume Mohamed Diaré, on pensait mettre fin à l’épidémie d’Ebola. Donc, on pensait avoir un taux de croissance de 3 à 4%. Mais, on l’a révisée à 2,5%. Et les derniers chiffres qu’on a, c’est 1, 9% pour le moment ».

Partant de la tendance de l’évolution de la conjoncture économique à la fin du premier trimestre 2015, « on s’interroge sur les perspectives économiques de la Guinée. Et tant qu’on ne met pas fin à Ebola, les perspectives vont continuer à être difficiles», a-t-il admis.

Il reste que la Guinée peut compter sur les dons et autres prêts concessionnels du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD), entre autres institutions financières, pour plus de 150 millions de dollars.

Bachir Sylla

« Produit en collaboration avec Ouestafnews grâce à l’appui d’Osiwa »

 

 

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