Présidentielle 2015 : Une bataille perdue
Le président Alpha Condé s’est plu un jour à dire qu’en Afrique on ne peut pas organiser une élection et la perdre. En fait à regarder ce qui se passe un peu partout sur le continent on ne peut que lui donner raison. Cela arrive parce que le président sortant s’arrange toujours à caporaliser l’organe en charge des élections.
Mais lorsque cet organe refuse d’être caporalisé et tient mordicus à son statut d’organe indépendant et neutre, le président sortant a peu de chance de rempiler quand son bilan n’est pas convaincant.
C’est ce qui est arrivé par deux fois au Sénégal quand Abdou Diouf a été vaincu par Abdoulaye Wade et quand ce dernier à son tour a été vaincu par Macky Sall. L’exemple sénégalais justifie amplement l’assertion de Barack Obama selon laquelle un pays n’a pas besoin d’hommes forts mais d’instituions fortes.
Pour en venir à la présidentielle d’octobre 2015 en Guinée le président Alpha trime depuis un an à mettre en place « la machine à frauder », seul moyen susceptible de lui assurer un second mandat. Le bilan du premier quinquennat étant globalement négatif, il n’a de choix que de se cramponner sur les pions qui fondent la fraude, pions qui sont entre autres l’implication partisane de l’administration, l’inféodation de la CENI, le refus de tout dialogue constructif.
Face à ce contexte électoral totalement biaisé, les candidats de l’opposition se tiraillent entre eux et partent en rang dispersé, ce qui ouvre davantage un boulevard à la réélection de leur adversaire commun. Faute de s’unir dans une candidature unique qui leur aurait permis de battre sans fioritures l’actuel locataire de Sékhoutouréya, ils sont amenés à choisir entre deux maux : participer à l’élection et perdre ou bien la boycotter. La sagesse recommande en pareille situation d’opter pour le moindre mal qui est de boycotter, éviter en tout cas de légitimer la mascarade électorale en marche.
Mais il y a plus grave qu’on ne voit aujourd’hui, Alpha Condé réélu n’hésitera pas à faire modifier, avant la fin du nouveau quinquennat, la constitution à la recherche d’un troisième mandat. La tentative ne fait-elle pas recette en Afrique ?
M. TIERO (In guinee7)