Le Burkina Faso dans l’attente d’une sortie de crise
C’est une longue journée d’attente au Burkina Faso, dans la perspective d’un accord de sortie de crise devant permettre le retour des institutions. Le calme est revenu après les heurts de ce matin entre militants de la société civile et partisans des putschistes devant le bâtiment où se tiennent les pourparlers.
Ce qui se joue ici, c’est l’annonce d’un retour à la transition, mais dans un nouveau cadre. En fin de matinée, le président Macky Sall est allé à la rencontre du général Diendéré. Les deux hommes se sont entretenus durant une heure. C’est la troisième séance de travail entre les deux hommes qui se sont vus samedi et la nuit dernière.
Le général et ses hommes doivent ensuite revenir à l’hôtel Laico pour faire leurs propositions. Macky Sall pourrait alors présenter aux différentes parties, à la classe politique, à la société civile, ce protocole d’accord de sortie de crise.
Si visiblement, le retour du président Kafando semble accepté par tous, les points de tension sont néanmoins nombreux, notamment sur la participation des membres des partis politiques exclus des diverses échéances à venir.
Le CNT estime que ce n’est pas négociable, les partis de l’ancienne majorité Compaoré l’exigent. L’élection présidentielle prévue le 11 octobre se tiendra-t-elle à cette date ? Un délai d’un mois maximum a été évoqué.
Questions également sur le futur du RSP, le régiment de sécurité présidentiel, et de ses éléments auteurs du coup d’Etat. Les pro-RSP exigent une amnistie, refus catégorique des militants du Balai citoyen.
Ce coup d’Etat au Faso a enfin relancé un vieux débat sur la séparation entre l’armée et la vie politique.
A Koudougou, la mobilisation ne faiblit pas
Lorsque nous sommes arrivés ce dimanche matin, on a croisé le chemin d’un long cortège de manifestants criant des slogans en mòoré, comme « Diendéré s’est créé lui-même des problèmes », ou bien « Libérez Zida et Kanfando », ou encore « RSP assassin ».
Après avoir fait un tour de la ville, tout le monde s’est retrouvé sur la place centrale. Les militants brandissaient le drapeau vert, rouge et étoilé du Faso. Les représentants du Mouvement citoyen, les chefs de file locaux des partis politiques comme UNIR/PS, UPC, PDS, ont galvanisé leurs troupes. Pas question de relâcher le mouvement de protestation et la mobilisation contre ce putsch militaire.
S’en est suivie la lecture de la liste des revendications des manifestants de Koudougou : libération effective des otages, restauration des institutions, dissolution du RSP, identification et arrestation des membres du régime de sécurité présidentielle qui ont tiré sur les manifestants à Ouagadougou ces derniers jours.
« La lutte continue ! » a crié pour conclure un porte-parole de la coordination provinciale de résistance citoyenne devant une foule qui semble toujours et plus que jamais mobilisée ici à Koudougou, à l’est de Ouagadoudou.
par Rfi