La Côte d’Ivoire rêve d’un « deuxième miracle économique »
Favori de l’élection présidentielle qui doit se tenir dimanche 25 octobre, Alassane Ouattara peut se targuer d’un impressionnant bilan économique.
La croissance est surtout portée par la réalisation d’infrastructures d’envergure après une décennie de non-investissement.
Des engins de chantier naviguent entre les déchets stagnant à la surface de la baie de Cocody. Autour, des affiches vendent un projet « écologique, visionnaire » et promettent yachts, marina, jardin urbain et une eau toute bleue…
C’est le dernier projet d’une longue liste d’ambitieux travaux d’infrastructure menés en Côte d’Ivoire depuis 2011. Réalisés en partie par le Maroc, l’assainissement et l’aménagement de la lagune d’Abidjan doivent s’achever en 2019 et devraient transformer le centre de la capitale économique ivoirienne.
Des infrastructures à tout-va
Ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), le président Alassane Ouattara – grand favori pour le scrutin de dimanche 25 octobre – conclut son premier mandat d’un impressionnant bilan économique, porté en partie par la réalisation d’infrastructures d’envergure après une décennie de non-investissement.
Sa plus grande réussite est le troisième pont à péage d’Abidjan, un projet qui date des années 1990, puis relancé il y a trois ans. Construit par Bouygues, il a été ouvert en 2014 et a permis de fluidifier la circulation dans cette ville de 6 millions d’habitants.
Par ailleurs, des kilomètres de routes ont été bitumés et rénovés à Abidjan et à l’intérieur du pays.
Deux autoroutes reliant Abidjan à Yamoussoukro, la capitale, et à Bassam, une ville balnéaire très fréquentée, ont été construites. Et d’autres gros projets sont en cours : Bouygues et le sud-coréen Hyundai planchent sur un train urbain d’un coût de 1 milliard d’euros, tandis qu’un groupe chinois va agrandir le port.
Les investisseurs privés se pressent
Le gouvernement promet 22 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2020, et beaucoup se prennent à rêver d’un « deuxième miracle ivoirien » pour ce pays qui a été la locomotive économique d’Afrique de l’Ouest dans les années 1970 et 1980.
Ces investissements publics ont porté à bout de bras la croissance qui a atteint 9 % en moyenne entre 2012 et 2014. Le gouvernement veut aller plus loin et table sur 10 % en 2016. Des chiffres qui attirent les investisseurs privés.
Pas une semaine ne passe sans que de nouveaux projets soient annoncés. Carrefour va ouvrir à la fin de l’année son premier centre commercial en Afrique sub-saharienne, la Fnac construit deux magasins et Heineken une brasserie avec 700 emplois. Les projets d’hôtels luxueux se multiplient et des banques étrangères s’installent.
Les retombées sociales se font attendre
Alassane Ouattara a aussi pu compter sur de très bonnes récoltes pour les deux cultures championnes du pays : le cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, a battu des records historiques de production et la noix de cajou s’est imposée comme une valeur sûre dans le nord du pays, deuxième producteur au monde après l’Inde.
La réforme du secteur cacao a permis de garantir à près d’un million de « cacaoculteurs » un prix plancher qui, par ailleurs, a augmenté de 50 % depuis 2011.
Cependant, « l’économie grandit beaucoup plus vite que la situation sociale des gens ne s’améliore », analyse l’économiste Youssouf Carius. L’État, dit-il, doit accentuer ses efforts pour soutenir les PME, grandes créatrices d’emplois mais « absentes du programme d’incitation à l’investissement ».
Alassane Ouattara demande du temps et plaide pour la stabilité, seule à même d’assurer selon lui une continuité de croissance et de transformer ces investissements massifs en emplois et en pouvoir d’achat.
Les principaux candidats à l’élection présidentielle
Parmi les huit candidats qui sont en lice pour l’élection présidentielle de dimanche, trois dominent largement les autres. Le président sortant, Alassane Ouattara, est le grand favori de l’élection. Pascal Affi N’Guessan est considéré comme le principal challenger d’Alassane Ouattara.
Investi par le Front populaire ivoirien (FPI) fondé par Laurent Gbagbo, il fait face à une frange d’irréductibles qui appellent au boycott au nom de leur fidélité à l’ex-dirigeant emprisonné à La Haye.
Charles Konan Banny, ancien gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, a quitté la coalition au pouvoir pour se lancer dans la course à la présidentielle. Imposé comme premier ministre à Laurent Gbagbo par la communauté internationale, il était resté aux commandes entre 2005 et 2007.
En 2011, après la crise post-électorale, il a été nommé à la présidence de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR).
lacroix (Abidjan)