Exil: jadis tranchant, Tibou cherche-t-il la clémence d’Alpha Condé?
Très connu pour ses prises de position très tranchantes contre le régime de Conakry, Tibou Kamara a-t-il perdu de sa verve pimentée ? Où a-t-il le mal de l’exil, pour tomber à lécher les bottes du locataire de Sékoutouréyah? Sa récente sortie, sur une radio privée de Conakry, a surpris bien des observateurs quant au changement brusque de son discours, cette fois, louangeur, à l’égard du président réélu de Guinée, Alpha Condé.
Lui qui écrivait, dans la presse, que celui-ci était un malheur pour la Guinée, en vient à chanter avec sa flûte ‘’griotique’’, les vertus du diable. Face à une question gênante de nos confrères de Lynx fm, Tibou s’est montré très mal à l’aise à trancher entre l’opposant Cellou dont il est si proche et le président Alpha dont il veut gagner la clémence.
« Je considère que cette élection est un échec, non une défaite. Un échec dans la mesure où il pensait pouvoir réussir, peut-être, aurait pu réussir si les conditions étaient différentes, on n’en sait rien. Je ne considère pas qu’il (Cellou Dalein, Ndlr) ait perdu, puisque la légitimité de son combat et son audience dans le pays ont été établies par une campagne électorale formidable. Mais je dis que la Guinée a besoin autant de Alpha Condé, qui a été déclaré chef de l’Etat, autant que Cellou, qui est le chef de file de l’opposition », se torture-t-il à justifier.
Mais après tout: « Il faut que M. Alpha Condé, puisque tel est le verdict de la Cour, soit reconnu comme le chef de l’Etat du pays, mais il faut que M. Cellou Dalein Diallo soit reconnu également étant comme un acteur incontournable de la scène politique et démocratique de notre pays ».
Lui qui, hier, disait que « l’opposition ne doit pas aller au dialogue », en exprimant ses « craintes », s’évertue à dire aujourd’hui qu’Alpha et Cellou ne doivent pas continuer à s’éviter. « L’un ne doit pas chercher à neutraliser l’autre. Ce n’est pas bon pour la stabilité du pays, ni pour l’avenir de notre démocratie. S’ils s’entendent, Alpha sera encore plus libre pour gouverner ».
« Alpha Condé en tant que Chef de l’Etat est libre de rencontrer qu’il veut, de discuter avec les différentes forces politiques et sociales du pays…». Selon lui, encore, « le Chef de l’Etat doit nécessairement tenir compte de certains équilibres et respecter les différences s’il veut parvenir à un mandat plus tranquille que le premier ». Menace ou conseil ? Tibou a certainement le secret.
Sa nostalgie du pays, vraisemblablement, le ronge. Au point de bondir sur « un coup politique spectaculaire » du président Alpha Condé. Cet acte, il en a foi, donnerait « des gages de bonne foi d’ouverture ». Et l’homme, visiblement, a rangé sa plume. En attendant la main tendue de…Conakry. Qui sait !
« C’est le droit et la responsabilité du chef de l’Etat d’envisager toutes les solutions possibles pour la paix et la stabilité du pays », philosophe-t-il. « Moi, par principe et par conviction, je ne vois aucun Guinéen qui serait opposé à un partage de pouvoir, à une ouverture en direction des autres forces politiques ». Et pourtant, après le passage de trois candidats malheureux (Marie-Madeleine, George e Sidya), Cellou et ses lieutenants ont déjà rejeté tout rapprochement avec Alpha Condé. Mais lui qui attend « que la question soit posée » serait prêt accepter…pourvu qu’il rentre au pays.
« Un Chef d’Etat est comme un entraîneur de football. C’est lui qui décide de quel joueur placer et à quel poste. Personne ne peut s’imposer devant un entraîneur ou choisir son poste. Attendons que la question soit posée. En ce moment, je ferais connaître solennellement et officiellement mon choix ». C’est compris !
Zézé Zoumanigui