Hissène Habré condamné: voici comment la sentence se justifie
La prison à vie, la perpétuité, c’est donc le verdict de ce procès Hissène Habré. La fin d’une longue procédure pour l’ancien président tchadien, au pouvoir entre 1982 et 1990, reconnu coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre par les Chambres africaines extraordinaires à Dakar. Quels sont les principaux points à retenir.
Le président des Chambres africaines extraordinaires, le juge Kam, a d’abord expliqué ce que la Cour retenait du système Habré et de la façon dont la répression s’est déroulée entre 1982 et 1990. Elle a estimé que dans les prisons, la torture était systématique lors des interrogatoires, qu’elle était pratiquée à grande échelle et qu’elle représentait « un mode de gouvernance ».
Puis le juge Kam a évoqué trois moments de la répression : les exactions dans le sud du Tchad, notamment en 1984, puis la répression contre la communauté Hadjaraï à partir de 1987 et la communauté Zaghawa à partir de 1989. Concernant les Hadjaraï et les Zaghawa, la Chambre a reconnu l’existence de commissions de répression de ces deux groupes.
Le verdict a parlé des violences sexuelles commises sous Habré contre des femmes détenues. Et des violences commises contre les prisonniers de guerre. Puis le juge Kam s’est attaché à démontrer la responsabilité de Habré et s’est prononcé sur sa culpabilité sur les différents points.
Les violences sexuelles au coeur du procès
Les témoignages des femmes sur les cas de viols sous le régime Habré avaient été un des moments durs et émouvants du procès. Une femme, Khadija Hassan Zidane, avait accusé personnellement Hissène Habré de l’avoir violée. En dépit du tabou qui règne sur cette question du viol, notamment au Tchad, quatre femmes avaient raconté comment elles avaient été utilisées comme esclaves sexuelles par l’armée tchadienne de l’époque.
Les Chambres africaines extraordinaires ont accordé dans leur verdict une place toute particulière à cette question des violences sexuelles. Elles jugent d’abord Habré coupable de viol. Elles se disent convaincues que Khadija Hassan Zidane qui a témoigné a dit la vérité et qu’Hissène Habré lui a imposé des rapports sexuels à quatre reprises. La Cour estime qu’il a profité de sa position d’autorité pour soumettre sa victime à des viols et sévices.
La Chambre estime aussi que les témoignages entendus ont permis de mesurer la place des violences sexuelles au sein du système de répression du régime. Entre 1984 et 1989, plusieurs femmes et jeunes filles détenues ou interrogées ont été soumises à des rapports sexuels forcés par les agents de la DDS et les autorités pénitentiaires. De 1985 à 1986, par ailleurs, ainsi qu’entre 1988 et 1989, des femmes ont été transformées en esclaves sexuels dans les camps de Kalaït et de Ouadi-Doum.
(avec Rfi)