Mamady Youla au Canada : ‘’en parlant de l’investissement, il est important (…) qu’un consensus soit trouvé’’
Le premier ministre guinéen, Mamady Youla, a prononcé un long discours à Toronto, le 13 septembre 2016, à l’occasion du Forum Economique International des Amériques, notamment la 10ème édition du Toronto Global Forum consacrée au «leadership en période d’incertitudes».
Une offensive pour séduire les investisseurs à placer leurs capitaux en Guinée. Il dit suivre les interventions des personnalités qui se sont succédé depuis l’ouverture de ce Forum, mais a retenu un certain nombre de constantes dans leurs préoccupations.
Mais pour lui, en jetant un regard rétrospectif sur la dernière décennie, il est difficile de passer à côté des menaces auxquelles le système financier international a été confronté, de la multiplication des foyers de tension et de l’exacerbation des conflits subséquents avec pour corollaire immédiat des déplacements massifs de populations fuyant ces conflits, la menace terroriste qui est devenue globale avec des ramifications et des conséquences directes dans toutes les régions du monde, y compris l’Afrique où cette menace est désormais palpable et concrète, le ralentissement de la croissance mondiale, avec pour conséquence directe la chute drastique des cours des matières premières, et enfin la mondialisation qui par de nombreux aspects a amplifié les crises évoquées plus haut.
«Pour la plupart des responsables gouvernementaux et du secteur privé, la prise de décision est devenue un exercice extrêmement périlleux avec une majorité de paramètres qui ne peuvent plus être contrôlés au niveau d’un seul pays voire même aux niveaux sous-régional ou régional», constate-t-il.
Plus loin, il a rappelé que la crise financière et la crise de la dette enseignent que la Communauté Internationale doit s’attaquer sérieusement à la problématique de l’affaiblissement des Etats sous-tendue par des politiques d’inspiration libérale.
«Pour les pays en développement en général et les pays africains en particulier, dont les économies sont très dépendantes des matières premières, ces problèmes se posent en termes de baisse drastique des prix des matières premières, de réduction de l’aide publique au développement, de réduction des flux d’investissement direct étranger», indique M. Youla.
Selon lui, en parlant de l’investissement, «il est important pour les pays africains, tout comme pour la plupart des pays du monde, qu’un consensus soit trouvé pour veiller à ce que les sociétés multinationales payent des taxes en proportion avec la part de leurs activités menées dans les pays africains».
«Hier quelqu’un disait que les problèmes actuels de notre monde sont dus à (et/ou aggravés en raison de) l’absence de vrais leaders. Je voudrais simplement rappeler aux leaders d’aujourd’hui, qu’au tout début du siècle dernier, au moment où la puissance de certains conglomérats aux Etats-Unis était sans commune mesure avec le poids des plus grandes multinationales actuelles, un homme politique tout seul a décidé de s’attaquer aux dysfonctionnements et aux menaces découlant des activités des grands conglomérats américains de l’époque en utilisant la loi, la raison et le courage politique », insiste-t-il.
Alphonse Léno