Accident vasculaire cérébral : »surtout ne pas perdre de temps… »
Le professeur François Chollet est le responsable du pôle neurosciences au CHU de Toulouse, un des deux sites du département, avec la clinique des Cèdres, à abriter une unité neuro-vasculaire.
Le professeur François Chollet est l’un des invités de France AVC Midi-Pyrénées. Il nous explique les enjeux d’une prise en charge rapide et efficace de l’accident vasculaire cérébral.
L’accident vasculaire cérébral (AVC) touche encore de nombreuses personnes, est-il suffisamment pris au sérieux ?
Avec 150 000 nouveaux cas chaque année en France, dont 5 000 pour la zone Midi-Pyrénées de la grande région Occitanie, l’AVC touche du monde. C’est souvent une maladie de la seconde partie de la vie, première source du handicap chez l’adulte (motricité, sensibilité, langage, vision). Il y a encore du travail à faire pour informer le public, notamment sur les signes qui permettent de le reconnaître et donc d’appeler les secours.
Quels sont ces signes ?
Ils ne sont pas si difficiles à reconnaître et les neurologues font le pari que tout le monde peut alerter lorsque c’est nécessaire. Une paralysie, une main qui tombe, une bouche qui se tord, des difficultés à parler et articuler, sont autant de signes d’alerte. Il faut appeler le 15 pour que le patient soit rapidement acheminé vers une unité neurovasculaire (UNV) comme il en existe 10 en Midi-Pyrénées (2 en Haute-Garonne : clinique des Cèdres, CHU de Toulouse Purpan), c’est là que les compétences sont réunies. Chaque minute compte, on dit que le temps, c’est du cerveau, c’est vrai.
Quel bilan faites-vous de l’innovation thérapeutique qui associe, depuis un an, la thrombolyse et la thrombectomie ?
Le premier des traitements, c’est d’arriver rapidement dans une unité neurovasculaire. On réduit ainsi de 20 % les risques de mortalité. Le deuxième, c’est la thrombolyse si le patient arrive moins de 4 h 30 après son AVC : une perfusion est posée pour dissoudre le caillot qui occlut une artère du cerveau. Si l’IRM (imagerie par résonance magnétique) l’indique, une thrombectomie est réalisée, il s’agit de l’aspiration du caillot en passant par voie fémorale. Les résultats sont bons, ils donnent un meilleur pronostic et réduisent le handicap de façon significative. Le problème, c’est qu’en France, sur les 140 unités neurovasculaires, seules 35 sont capables de réaliser une thrombectomie et il faut y arriver vite.
Cela signifie-t-il que la réflexion porte aujourd’hui sur la rapidité de la prise en charge ?
Oui, on doit encore s’améliorer. Il faut identifier très tôt l’AVC, ne pas perdre de temps et trouver le système de transport adéquat, ce qui veut dire ne pas attendre une heure l’arrivée de l’ambulance.
Quels peuvent être les messages de prévention ?
Le principal facteur d’AVC, c’est l’hypertension artérielle (au-delà de 14/9), il faut donc surveiller régulièrement sa tension. Le diabète, le cholestérol, le tabac, l’obésité sont également des facteurs de risque. Il faut également prendre au sérieux l’accident ischémique transitoire (AIT), c’est une alerte qui peut précéder de quelques heures ou de quelques jours l’AVC. Les médecins généralistes y sont de plus en plus sensibles et nous envoient des patients au centre AIT de Purpan où ils sont examinés pour éviter la récidive. Mais comme la paralysie disparaît au bout de quelques minutes, le risque c’est que le patient n’en tienne pas compte et ne consulte pas. Il faut pourtant le traiter comme un AVC.
Propos recueillis par Emmanuelle Rey
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