Ousmane Kaba quitte Alpha Condé:  »des pans entiers de la société guinéenne se sentent marginalisés »

ousmane kabaLe fondateur de l’université Kofi Annan de Guinée, Dr Ousmane Kaba, met fin aux rumeurs. En mal de relations saines avec Alpha Condé depuis que celui-ci a qualifié les cadres malinkés de « malhonnêtes », suivi de la réplique de celui-là, Ousmane Kaba avait pris ses distances.

Absent même en Haute-Guinée où le président Alpha Condé est en reconquête de son électorat, le désormais ex-allié revient avec un nouveau parti, le Parti des Démocrates pour l’Espoir (PADÈS), pour défier le Rpg-arc-ciel. Il avait fondu son ex-parti (PLUS) dans celui-ci.

Dr Kaba qui porte « à la connaissance du peuple de Guinée que les militants et les responsables » du PADÈS réunis en Assemblée générale extraordinaire le 26 janvier 2016 ont bien voulu lui proposer d’assumer la présidence de ce parti.

« Après consultations et mûre réflexion sur la situation globale de notre pays, j’ai décidé d’accepter cette proposition avec respect et humilité », déclare-il dans un communiqué.

« Pour mémoire, il faut rappeler que mes amis et moi même avions créé en 2010 le Parti Libéral de l’Unité et de la Solidarité-Parti PLUS- qui, après 3 mois d’existence nous avait présenté comme son candidat à l’élection présidentielle d’alors. Au second tour, ce parti a initié et conduit avec d’autres candidats, l’alliance Arc-en-Ciel qui a permis au professeur Alpha Condé d’accéder à la magistrature suprême. L’histoire de l’explosion de cette alliance est bien connue de tous. C’est en 2012 que, dans un souci d’union et de stabilité politique du régime en place, 34 partis y compris le RPG et le PLUS ont fusionné pour donner naissance au RPG Arc-en-Ciel », explique-t-il.

Cependant, selon lui, la «greffe» n’a pas fonctionné puisque ce sont les structures de l’ancien RPG dissous qui ont continué à gérer le RPG Arc-en-Ciel.

« Dans ces conditions, lorsque nous nous sommes indigné des propos à connotation ethnique par le Président de notre parti en juin 2016, nous avons été expulsé du bureau politique et du parti sans explications et évincé également de la Présidence de la Commission Economique et Financière de l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui c’est notre droit inaliénable de remplacer le défunt Parti Plus par le PADÈS afin de participer au débat politique pour la défense de la démocratie et l’émergence économique de notre cher pays », dit-il.

« En dépit de quelques progrès indéniables, la situation politique, sociale et économique de notre pays est préoccupante. Sur le plan politique, malgré quelques tentatives de dialogue, les différents partis politiques, la société civile et les citoyens restent profondément divisés sur la démocratie et l’Etat de droit, la marche des institutions républicaines, la nature et le calendrier des élections locales sans parler des méthodes de Gouvernance. Des pans entiers de la société guinéenne se sentent marginalisés. Sur le plan économique, nonobstant de nombreux programmes de réforme négociés avec les institutions de Bretton Woods et le plan de relance post-ébola, la croissance économique reste faible voire même nulle, le chômage des jeunes et des femmes explose car le secteur privé, seul pourvoyeur d’emplois est brimé, la santé et l’éducation dans tous les compartiments sont abandonnées et les grands projets structurants comme le projet ‘’Simandou’’ ont déserté le pays », dénonce-t-il avec fougue.

Pour lui, en plus du climat défavorable au secteur privé, le Gouvernement est incapable financièrement de satisfaire les besoins d’infrastructures du pays, d’où l’état de délabrement des routes et du chemin de fer, l’absence de barrages hydroélectriques en région forestière et en Haute-Guinée, le sous-investissement dans les secteurs porteurs comme les nouvelles technologies, l’agriculture, l’élevage et la pêche.

« Evidemment, ce sombre tableau ne peut être renversé que par une administration et une justice efficaces piliers d’un état impartial avec l’autorité nécessaire et la légitimité requise. C’est pourquoi, nous lançons un appel à tous les intellectuels, les enseignants, les étudiants, les paysans, les ouvriers, les jeunes et les femmes, à tous les citoyens épris de paix et de justice de rejoindre le PADÈS pour un combat constructif sans haine et sans passion afin de sortir notre pays de sa pauvreté endémique tout en préservant notre unité nationale, la démocratie et les droits de l’homme », lance Dr Ousmane Kaba.

Alphonse Léno

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