Journée de l’Afrique: »il faut que soit instauré un système de coopération internationale juste et équitable » (Alpha Condé)
A l’occasion de la Journée de l’Afrique, qui commémore l’anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, le 25 mai 1963, à Addis-Abeba, à laquelle a succédé l’Union Africaine, il me revient l’honneur de rendre un vibrant hommage aux pères fondateurs de notre organisation.
Aujourd’hui comme hier, celle-ci a fait figure de vitrine de notre continent, de son histoire, au point d’être considéré comme le berceau de l’humanité, de son potentiel économique et de sa richesse humaine.
Faut-il rappeler que l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) a été créée dans le contexte historique de la lutte pour l’indépendance, entre autres en soutenant les mouvements de libération nationale, et en relayant toutes les initiatives diplomatiques, notamment aux Nations Unies, visant à condamner solennellement le fait colonial. Toutes ces actions se sont nourries de l’idéal panafricain. Quarante ans après la réunion historique d’Addis-Abeba, ce qui prouve bien la vitalité du panafricanisme, l’Afrique a jeté les bases de l’Union Africaine qui, sur de nombreux points tranche avec l’OUA. Elle s’est notamment dotée d’une architecture institutionnelle rénovée et plus efficace, qui lui permet désormais de mieux peser sur le plan international, et de mieux défendre, dans un monde sujet à de profonds bouleversements, les intérêts supérieurs de notre Continent.
En succédant à l’OUA, l’Union Africaine s’est donnée les moyens de renouveler et de consolider le projet d’intégration politique et économique dont les bases avaient été jetées à Addis-Abeba en 1963. Elle s’est notamment fixée des objectifs et a instauré un cadre institutionnel allant bien au-delà de l’approche diplomatique privilégiée par l’OUA. C’est notamment sous l’angle organique que les changements ont été les plus notables.
Aujourd’hui l’Union Africaine peut se targuer d’avoir mis en place des structures susceptibles de mettre en œuvre les ambitions qu’elle s’est fixée. C’est dans cet esprit qu’ont été mis en place, entre autres, la Commission et le Conseil de Paix et de Sécurité. L’Union Africaine travaille sans relâche, en collaboration avec nos partenaires, dans le but de promouvoir la paix et la sécurité sur le Continent et dans le Monde.
Après l’accession des Etats africains à l’indépendance, les dirigeants africains ont cherché à concrétiser dans les faits les idéaux pour lesquels ils s’étaient battus, au premier rang desquels le développement socio-économique du continent. Il est évident que l’Afrique a fait des progrès importants dans les domaines politique, social et économique. Pour assurer la promotion de la compétitivité économique de notre cher continent, et créer une prospérité partagée, il est désormais impératif d’instaurer un climat à la fois stable et dynamique, fondé sur la bonne gouvernance et l’Etat de droit, favorable à l’investissement.
Citoyens et citoyennes d’Afrique et de la Diaspora,
Il est encourageant de noter que l’Union Africaine a fait de grands progrès dans le cadre de la mise en place d’un environnement susceptible de garantir un meilleur avenir pour l’Afrique. En effet, par le biais de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité, l’Union Africaine continue à travailler sans relâche, en collaboration avec nos partenaires, afin de promouvoir la paix et la sécurité du continent. La prévention des conflits et le règlement pacifique des différends à travers le dialogue et la médiation revêtent une importance cruciale pour la réalisation de l’objectif visant à faire taire les armes en Afrique à l’horizon 2020.
Sur le plan économique, l’adoption de l’Agenda 2063 qui est « à la fois une vision et un plan d’action, est un appel à l’action à tous les segments de la société africaine à travailler ensemble pour construire une Afrique prospère et unie, fondée sur des valeurs communes et un destin commun ».
Dans la mise en œuvre de cet Agenda et de son premier plan décennal, les femmes et les jeunes sont des acteurs clés. S’agissant des jeunes qui constituent la principale richesse du continent, un important défi doit être relevé. C’est pourquoi nous avons dédié l’année 2017, au thème : « Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ».
En effet, l’Afrique est la région la plus jeune du monde. Deux Africains sur trois sont âgés de moins de 25 ans. Cet indicateur est un atout majeur pour impulser la transformation sociale et économique à travers le continent. L’accès des jeunes à la santé, à l’éducation de qualité, leur autonomisation, la lutte contre le chômage des jeunes est une réponse significative à la pauvreté et leur utilisation par les groupes terroristes. Il convient aussi d’impliquer de manière plus significative les acteurs de la société civile dans la sensibilisation de la jeunesse sur les dangers que représente le discours radical. A ce propos, la mise en œuvre de la Charte Africaine de la Jeunesse, entrée en vigueur le 8 août 2009, offre de réelles chances pour la participation effective des jeunes au processus de développement.
Citoyens, citoyennes d’Afrique et de la Diaspora,
Face aux défis actuels et émergents ayant fait le constat de l’état actuel de notre organisation, une réforme de l’institution s’est avérée nécessaire pour lui permettre de centrer son action sur les domaines prioritaires ayant une portée continentale.
Cette réforme se focalisera sur une meilleure division du travail entre les organes de l’Union, les Communautés Economiques Régionales et les Etats membres. La mise en œuvre immédiate de la réforme financière de l’Union permettra de réaliser une autonomie de financement considérable. Notre institution panafricaine, pour être crédible, ne peut plus se reposer sur l’assistance financière des partenaires. Il est temps, grand temps, de prendre nous-mêmes en charge le financement de nos propres ambitions et de nos propres rêves.
Sur le plan international, il est également temps de tenir compte de l’importance démographique, politique et économique de notre continent afin de reconsidérer le rôle qu’il peut et doit jouer sur la scène internationale. C’est sous cet angle que doit être abordée la question de la réforme du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies pour réparer l’injustice dont est victime le continent africain. Cette réforme devra permettre, entre autres, d’accorder au minimum deux sièges de membres permanents à l’Afrique au sein du Conseil de sécurité.
D’une manière globale, il faut que soit instauré un système de coopération internationale juste et équitable, basé sur un partenariat gagnant-gagnant à travers les principes de la responsabilité et de la solidarité. L’intégration productive de l’Afrique dans l’économie mondiale en dépend.
En dépit des progrès de tous genres réalisés à divers niveaux, l’Afrique demeure confrontée à la persistance des conflits et à la multiplication des activités terroristes et l’extrémisme violent qui impactent négativement sur son processus de développement.
L’Union Africaine s’est employée à relever les défis liés à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Au fil des années, nous avons développé un cadre normatif riche et des mesures contraignantes pour lutter contre ce fléau en partenariat avec les Nations Unies et d’autres partenaires.
Au-delà de cette réalité tragique, une autre préoccupation pour le continent est l’émigration, la crise des refugiés et des personnes déplacées. En effet, les conflits en Afrique continuent de provoquer le déplacement massif des populations, ce qui est à l’origine de nombreuses crises humanitaires. Il est évident que les migrants, ainsi que les réfugiés sont des êtres humains qui ont droit au respect de leur dignité et à la protection de leurs droits comme tout-un-chacun.
Citoyens, citoyennes d’Afrique et de la Diaspora,
Nous célébrons cette année la Journée de l’Afrique dans un contexte difficile où une partie du continent est affectée par une grave sècheresse qui a fait des milliers de victimes avec des graves effets collatéraux.
L’Afrique reste le continent le plus vulnérable face aux changements climatiques, alors que notre continent est le moins pollueur du monde. Ainsi, l’Afrique doit faire face aux multiples conséquences environnementales dues aux changements climatiques telles que l’assèchement des fleuves, des lacs, des cours d’eau provoquant ainsi des catastrophes naturelles aux graves conséquences sur les populations et l’agriculture.
Dans la gestion de la crise humanitaire provoquée par les conflits armés et la sécheresse, l’Afrique doit faire preuve d’unité et de solidarité envers les pays affectés par ces fléaux et œuvrer à minimiser leurs effets néfastes et stimuler la croissance.
Pour stimuler la croissance économique et tirer pleinement avantage de la science et de la technologie, la seule alternative valable et viable pour notre continent est l’électrification qui doit être une priorité. L’accès pour tous à l’énergie, et plus particulièrement à une énergie propre est primordial pour l’industrialisation et la transformation structurelle du continent. A cet égard, je me réjouis des nombreux projets en cours de réalisation dans le cadre de l’initiative africaine sur les énergies renouvelables. L’utilisation de nouvelles technologies de la communication et de l’information est tributaire de la facilité d’accès à l’électricité.
Je tiens à rappeler mon attachement à l’intégration africaine à travers la mise en place rapide de la zone de libre-échange continentale comme une nécessité.
Ensemble nous devons participer à la réalisation d’une Afrique unie, prospère, intégrée, tant économiquement que politiquement, dans un contexte de paix, de sécurité et guidée par les nobles idéaux du Panafricanisme.
L’union Africain depuis Kigali a pris ses responsabilités. D’abord assurer notre autonomie financière par adoption de 0,2% du financement et les reformes importantes initiées par le Président Kagamé qui seront bientôt adoptées lors du sommet de juillet. Quand l’Afrique parle d’une seule voix elle est écoutée. C’est pourquoi nous avons créé des champions notamment :
1. S.E.M. Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, Champion sur Le Comité de Haut niveau sur la Libye,
2. S.E.M. Jacob Zuma, Président de la République d’Afrique du Sud, Champion sur la Coopération Union Africaine – Nations Unies,
3. S.E.M. Yoweri Kaguta Museveni, Président de la République de l’Ouganda, Champion sur l’Intégration Politique du Continent,
4. S.E.M. Edgar Lungu, Président de la République de Zambie, Champion sur la lutte contre le mariage précoce des jeunes filles,
5. S.E.M. Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger, Champion sur les Questions de la Zone de Libre Echange Continentale,
6. S.E.M. Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad, Champion sur le thème de l’Année 2017,
7. S.E.M. Haile Mariam Desalegn, Premier Ministre de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie, Champion sur la Mise en Œuvre du CAADP,
8. S.E.M. Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République Togolaise, Champion sur la Sécurité et la Sûreté Maritimes et le Développement en Afrique,
9. Sa Majesté le Roi Mohamed VI du Maroc, Champion sur la Migration,
10. S.E.M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire, Champion sur les Questions de Lutte contre le terrorisme,
11. S.E.M. Ernest Bai Koroma, Président de la République de Sierra Leone et Président du Comité des dix (C10) Champion sur la Réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies,
12. S.E.M. Paul Kagamé, Président de la République du Rwanda, Champion sur la Réforme Institutionnelle de l’Union Africaine,
13. S.E.M. Ali Bongo Ondimba, Président de la République Gabonaise, Président du Comité des Chefs d’Etat et de Gouvernement Africains sur les changements climatiques,
14. S.E.M. Uhuru Kenyatta, Président de la République du Kenya, Champion sur le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs.
Bonne fête à toutes et à tous
Vive l’Union Africaine
Vive l’Afrique