Présidentielle annulée au Kenya: comment refaire une élection ?
Après que la Cour suprême a invalidé le scrutin présidentiel du 8 août 2017, le Kenya doit organiser une nouvelle présidentielle d’ici 2 mois. Un laps de temps particulièrement court, ce qui soulève de nombreuses questions sur la faisabilité technique, financière et politique d’une nouvelle élection.
La Cour suprême kényane doit publier sous 21 jours plus de précisions sur sa décision d’annuler le vote du 8 août. Sans ces précisions, il semble difficile d’organiser un nouveau scrutin : « Tant que la cour suprême n’a pas donné ses raisons, on ne sait pas si les membres de la Commission électorale devront être remplacés, ni comment sera organisée l’élection », explique Nick Cheeseman, expert du Kenya à l’université britannique de Birmingham. Et l’universitaire de faire remarquer que si la nouvelle élection est bien organisée sous 60 jours, et que la Cour suprême en met 21 à donner des explications sur sa décision, il ne restera qu’un petit mois pour mettre sur pied le scrutin.
Si la Commission électorale doit être remplacée, comme le demande l’opposition et notamment son leader Raila Odinga, « il parait difficile de penser que de nouveaux commissaires pourraient organiser le vote avec des standards et une qualité suffisante », poursuit Nick Cheeseman. Le spécialiste du Kenya estime aussi que le message envoyé par la Cour suprême avec cette décision est « qu’elle n’accepterait plus d’élection avec des standards faibles. Donc maintenant, il y a un nouveau risque qu’on ait une nouvelle élection avec une mauvaise qualité, qui sera à nouveau invalidé, parce qu’avec sa décision, la cour a créé un précédent. »
Pour l’heure, l’une des seules certitudes concernant l’avenir de la Commission électorale, à qui la Cour suprême reproche des problèmes dans la transmission des résultats électoraux, est quelle prévoit des « changements internes de personnels et de procédés dans l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle dans 60 jours. »
Par la voix de son président Wafula Chebutaki, elle « invite le bureau du procureur à mener rapidement et efficacement une enquête et à poursuivre tout membre de la Commission qui pourrait être impliqué dans des violations des lois électorales. » Wafula Chebutaki presse également la Cour suprême de publier son jugement complet au plus vite pour permettre à la Commission « d’avoir une vision complète des points sur lesquels [elle doit se] concentrer »
Le prix de l’élection
Se pose aussi le coût de ce nouveau scrutin. Les élections générales du 8 août étaient déjà les plus chères de l’histoire du pays : 21 euros par électeur. Selon un rapport du Trésor publié en juillet, près de 50 milliards de shillings (environ 410 millions d’euros) ont été alloués au processus. La plus grosse part de cette somme était attribuée à la Commission électorale.
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