Affaire de loyers en Guinée: un député de l’Ufdg compte faire une proposition de loi à l’Assemblée nationale
Des acteurs de la société civile guinéenne ont interpellé les députés sur la nécessité de voter une loi qui va désormais réglementer le secteur du loyer en Guinée, surtout dans la capitale, Conakry, où de nombreux citoyens sont confrontés péniblement à cette situation critique.
Dur, dur de se procurer des logements décents. Interrogé sur le sujet à l’hémicycle du Palais du peuple, lors de l’ouverture de la session de loi, l’honorable Ben Youssouf Keita, député de l’Union des forces démocratique de Guinée (UFDG), a brisé le silence en tant qu’élu du peuple.
«Je suis proche du peuple. Je vois, à longueur de journée, comment nos concitoyens souffrent avec les propriétaires de logement, c’est-à-dire les locataires sont à la merci des concessionnaires véreux, sans morale. Ils profitent des difficultés de nos concitoyens pour les rendre esclaves. Quand vous imposez à un locataire de payer un an d’avance, au minimum six mois d’avance, connaissant le salaire du fonctionnaire guinéen, c’est une traversée du désert. Malgré tout, les gens se saignent pour le faire, ils paient un an ou six mois d’avance avec trois mois de garantie pour certains. Mais nous constatons qu’à n’importe quel moment ou quelle période, le concessionnaire peut se lever un beau matin pour augmenter le prix du loyer. Si tu ne paies pas, j’ai telle ou telle nécessité, il y a ma famille qui doit venir ou je veux renouveler ma maison, il faut sortir. Et cela se fait généralement sans préavis, ils ne respectent absolument rien. Que ce soit en saison sèche ou pluvieuse, c’est assez grave», dénonce Ben Youssouf Keita.
Conscient de ce que cette situation représente comme un lourd fardeau pour les citoyens du pays et surtout de Conakry, il s’engage à prêter main forte à la société civile, qui se bat pour une réglementation du logement en Guinée.
«Quand j’ai vu les acteurs de la société civile, à travers les jeunes qui sont venus clamer haut et fort devant l’hémicycle leur désarroi pour nous interpeller sur cette situation afin que nous votions une loi pour les protéger, pour réglementer la cohabitation entre le locataire et le concessionnaire, je ne pourrais que me rapprocher de leur initiative pour leur apporter mon soutien et prendre l’engagement devant eux que je me battrai en tant que député pour que cette loi soit votée au parlement guinéen en vue de réduire le calvaire de nos paisibles citoyens», promet le député de l’Ufdg.
Et de rappeler qu’il est temps de faire face à cette problématique de logement qui perdure et ruine les conditions de vie des citoyens lambda avec son cortège de dépenses. Il estime que si la proposition de loi faite par certains députés est enterrée quelque part, c’est le bon moment de la déterrer pour la remettre à jour. Il est vrai : un autre député, Mouctar Diallo de NFD, en avait fait sa préoccupation, un moment, avant de lâcher.
Mais pour Ben Youssouf Keita, c’est une urgence, car «nous voyons les gens faire le tour de Conakry à la recherche de logement, parce qu’on leur ait dit de quitter là où ils habitent. Et ils sont souvent à la merci des intempéries. Donc, nous allons nous battre dès lundi, en ce qui me concerne, on va demander aux députés qui ont proposé cette loi de la relancer. Vous comprendrez effectivement que c’est une nécessité absolue. Nous allons faire toutes les démarches nécessaires pour que cette loi voit jour. Parce que c’est dans l’intérêt de tout un chacun. Ensuite une fois cela, nous allons exiger à l’Etat de mettre en place une politique de construction de logements sociaux. C’est la seule solution. Cela permettra aux gens d’éviter les crises cardiaques, car c’est non seulement un problème de société, mais aussi un problème de santé parce que la maladie, elle est bio et psycho sociale».
«J’interpelle l’Etat guinéen, parce que c’est son rôle d’avoir une politique de logement. L’Etat doit construire des logements sociaux, la terre appartient à l’Etat. Donc, il doit user de ses pouvoirs et prérogatives pour construire les logements à coût raisonnable. Cela garantira l’avenir des fonctionnaires guinéens et cela les protégera de la mauvaise foi de certains concessionnaires véreux. Il faudrait que le gouvernement prenne conscience de cette situation au lieu de construire des hôtels par-ci, par-là», lance-t-il.
Albert Sovogui