Impact de l’exploitation minière à Boké sur les communautés : un rapport de ‘’Human Rights Watch’’ de trop ?
Jeudi 4 octobre 2018. Human Rights Watch a publié à Conakry le rapport de 165 pages, intitulé ‘’Quels bénéfices en tirons-nous ? ” : Impact de l’exploitation de la bauxite sur les droits humains en Guinée’’. Cette enquête menée révèle que l’exploitation minière a détruit les terres ancestrales, endommagé les sources d’eau et recouvert de poussière les maisons et les arbres. Et qu’en Guinée, le secteur de la bauxite qui connaît une croissance fulgurante, menace le mode de vie de milliers d’habitants.
Human Rights Watch se dit intéresser par deux projets miniers menés par les deux plus grands producteurs de bauxite en Guinée en 2017 : la Société Minière de Boké (SMB), un consortium lié au premier producteur mondial d’aluminium, China Hongqiao Group, et qui a connu une croissance extrêmement rapide depuis sa création en 2015, et la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), une société minière créée il y a plusieurs décennies et codétenue par les multinationales Alcoa et Rio Tinto. Selon l’ONG, le gouvernement qui a fait de la Guinée le 3ème plus grand exportateur de bauxite du monde, devrait prendre des mesures immédiates pour mieux réglementer les activités des sociétés minières et protéger les communautés.
«L’exploitation de la bauxite, si elle n’est pas correctement réglementée, met en péril le mode de vie et les moyens de subsistance de dizaines de communautés qui vivent à proximité des activités d’exploitation minière », a déclaré Jim Wormington, chercheur à la Division Afrique de Human Rights Watch. «L’accroissement du secteur de la bauxite a trop souvent pris le pas sur la protection de l’environnement et des droits humains», a-t-il insisté.
Les doutes
Mais ce qui intrigue beaucoup d’observateurs et fait planer le doute sur la démarche : le rapport tombe à un moment où le président américain Donald Trump a déclaré « la guerre commerciale» à la Chine et que le rapport de Human Rights Watch n’accable, en grande partie, que la SMB, la Guinée étant un des plus grands fournisseurs au monde à partir de sa bauxite vers la Chine.
«On constate que le gouvernement est en train de saisir une partie du marché de la bauxite ces dernières années et y focaliser sa croissance et a souvent mis les droits des communautés au second plan. On voit ça dans la zone de Boké. Les zones agricoles sont prises sans compensation adéquate, ça veut dire qu’une compensation financière est donnée aux agriculteurs qui ne comprennent pas comment gérer et qui n’ont pas la connaissance requise sur comment utiliser les compensations pour gagner les sources de revenus fiables à long terme. On peut aussi prendre les impacts liés à l’eau qui est polluée dans beaucoup d’endroits où les sociétés minières dans la zone de Boké. Tous ces facteurs doivent amener les sociétés minières et l’Etat à s’assurer que quand un nouveau projet minier commence, qu’il ait toutes les études qui sont faites et toutes les mesures en place pour empêcher les dégâts qui peuvent être causés par les activités minières», se défend-t-il.
«Nous sommes un peu surpris que le scope soit déjà sur deux sociétés seulement. Qu’à cela ne tienne, les quelques informations pertinentes qui sont dedans, nous allons les prendre et les remonter à qui de droit. Au niveau de la qualité documentaire, est-ce que tous les standards requis au niveau des études d’impacts sont là ? », réagit M. Moussa Carba, consultant au ministère des Mines et de la géologie.
Selon lui, «le rapport qu’ils ont utilisé, les travaux que le Ministère des Mines et de la Géologie a conduits ont porté sur neuf sociétés (CBK, COBAD, CBG, SMB, GAC etc…). Le sieur Carba est catégorique : «nous avons dit qu’il y a une évaluation de 9 sociétés dont beaucoup d’éléments ont été repris par nos amis de Human Rights Watch. En fait, beaucoup d’éléments positifs dans ce qu’ils ont vu dans le rapport ne sont malheureusement donc pas sortis. On l’aurait peut-être approuvé, je veux dire si tous les éléments positifs liés d’abord à cette question spécifique, mais tout ce qui se fait aussi au niveau stratégique».
«Nous tenons à apporter les clarifications suivantes sur ce rapport de Human Rights Watch (HRW) : – l’Etat n’a pas attendu l’intervention de HRW pour prendre des actions vigoureuses sur l’impact environnemental et social des projets miniers. En plus d’un audit indépendant fait par un bureau international et dont les résultats ont été publiquement présentés en mai 2018, l’Etat, avec l’appui de la Banque mondiale, a engagé une étude sur l’impact cumulatif des projets miniers », précise un communiqué du Département des Mines.
ZZ