La mésaventure d’un jeune émigrant guinéen: «au Maroc, j’ai compris que je suis dans l’enfer»
En Guinée, certains migrants retournés au pays par les soins de l’OIM expliquent leurs mésaventures sur le chemin de la recherche du ‘’bonheur’’. Le jeune Kourouma que nous avons rencontré à la Maison de la presse de Guinée, rentré du Maroc, nous a confié les motifs qui l’ont poussé à opter pour la migration irrégulière.
«Il fut un moment, j’étais dans ma chambre connecté sur internet, j’ai vu mon ami qui était au Maroc en ligne. Il m’avait parlé du voyage. La manière dont il a emprunté son chemin, en passant par le Maroc avant de rejoindre l’Espagne. Il m’avait encouragé de faire comme lui, en me parlant d’une somme de 2500 euros avant de traverser la mer pour regagner la destination», a-t-il expliqué.
Selon lui, le manque d’emploi au pays l’a amené à choisir le chemin de la migration vers l’Europe. «Parce que j’avais déposé mes dossiers dans les différents départements ministériels pour avoir de l’emploi sans succès. Cela m’a poussé à emprunter la voie aérienne pour déposer Casablanca», dit-il.
Et de poursuivre: «j’ai contacté un passeur qui vivait ici, en Guinée. Il collaborait avec un Marocain. Ce dernier m’avait demandé 2.500 euros, il me disait de payer la moitié et arrivé à destination la famille va payer le reste de l’argent. Je lui ai donné 1500 euros avant de prendre mon vol à l’Aéroport International de Conakry Gbessia. Il m’avait dit de donner une adresse. Arrivé à Casablanca, j’ai failli avoir des problèmes. Le policier à qui je me suis présenté, il m’a fait savoir que cette adresse ne se trouve pas au Maroc. C’est ainsi le policier m’a dit de mettre quelque chose dans le passeport pour qu’il puisse me laisser passer», raconte-t-il.
«Il fallait mettre 5 dollars dans le passeport et le policier a mis le cachet dans mon passeport. Quand je suis sorti, le numéro que la famille m’avait communiqué, j’appelle ce numéro, le Marocain me dit de m’embarquer dans le train pour Rabat. Quand je suis arrivé, je ne l’avais vu. Il avait commissionné un petit pour me rencontrer vers 18 heures. Nous sommes allés chez lui. Moi, je pensais que l’argent payer par moi, tout se limitait à ça. Mais, à mon fort étonnement le passeur m’avait dit encore de payer 100 euros pour la location», a-t-il regretté.
«J’ai été bastonné jusqu’à ce que j’ai perdu un œil»
Parlant des difficultés rencontrés au Maroc, le jeune migrant a dit : «quand je suis resté à Rabat, il y a un ami qui m’avait appelé à N’adore, la grande forêt du Maroc, où se trouve le grillage pour traverser la frontière espagnole. Quand je suis parti dans la forêt, c’est là-bas que j’ai compris que je suis dans l’enfer. Parce que je ne mangeais pas bien ni ne dormais pas. Et puis, les militaires m’ont pris dans la forêt avant d’être bastonné jusqu’à ce que j’ai perdu un œil. Cela m’a obligé à quitter le Maroc. L’argent que j’ai payé pour traverser, je n’ai pas eu, sauf le malheur. Parce que j’ai fait deux jours dans les mains des policiers. Quand ils m’ont libéré, j’ai constaté que mon œil ne répond plus», dit-il.
«Je suis venu à l’OIM du Maroc pour poser mon problème. Cette institution m’a accompagné à l’hôpital. Mais, toujours ça n’allait pas. C’est ainsi que l’OIM m’a aidé pour rentrer au pays. Grâce à OIM-Guinée, nous arrivons à surmonter nos difficultés et bientôt les projets sur la table porteront leurs fruits», conclut Kourouma.
Entretien réalisé par Albert Sovogui pour ziama.info