Rentrée des classes : La tête de Mamadou pleine de rêves, sa route truffée d’embûches ! (La chronique de Algassimou Baldé)
Youpi, c’est la rentrée des classes ! Mamadou, enthousiaste, après les vacances studieuses passées chez le maître coranique Thiernodjo, au village où il a réussi à psalmodier le coran, revient pour l’ouverture des classes.
La veille, avec son papa et sa maman, c’était l’heure de l’inventaire. Au père de s’exclamer : ‘’Tous tes cahiers sont dans le sac’’. À la mère de vérifier si la tenue scolaire est apprêtée.
Bref, tout est prêt. Direction, le dodo. Et là, la nuit fut mouvementée. Mamadou avait la tête pleine de rêves. Qui sera son nouveau maître ? Qui seront ses nouveaux camarades de jeu ?
En même temps, il redoute de retrouver son ancien ami Bocar, très bagarreur. Enthousiaste à l’idée de retrouver la petite cour de récréation, aux pieds du manguier où il compte exhiber ses gestes de dribbleur.
Soudain, c’est le réveil brutal de son papa, Mody Sidy, rigoureux, qui le secoua: ‘’Mamadou, Mamadou, réveilles-toi. Aujourd’hui, c’est l’école’’.
Hop, c’est parti ! On se prépare. Après la toilette, j’ai pris une bonne bouillie avec du pain au petit déjeuner. Mon sac au dos, avec mes nouvelles chaussures, mon père me prodigue les derniers conseils. ‘’Mamadou, tu dois être studieux, poli, ne jamais couper la parole, ne pas interrompre le maître, ne parler que si c’est nécessaire’’.
Il est sept heures: l’heure de partir pour l’école. Sur le chemin de l’école, je n’étais pas le seul à avoir de nouvelles chaussures et un joli sac. Celui d’Ousmane était particulièrement joli. Son sac était en couleurs, rouge et jaune, et brillant à la fermeture.
Arrivé devant la cour de l’école, c’était un tintamarre sans fin. Des retrouvailles. Aussitôt la montée des couleurs, chaque élève se dirige devant sa salle de classe. Grande fut ma déception de constater que notre classe et celle de Bocar n’avaient pas d’enseignants !
Ce fut le début d’une nouvelle année scolaire difficile pour nous. Le directeur a convoqué nos parents pour leur relater le fait. Il a promis qu’après une semaine, il allait trouver une solution. Une semaine, deux semaines passées, le directeur a effectivement trouvé une solution : ‘’nous allons être une classe double. Dans cette classe, un seul enseignant aura en charge un effectif de 80 élèves’’.
Ce fut le début du calvaire. L’enseignant monsieur Sow passait le plus clair de son temps à instaurer la discipline qu’à faire le cours. Les élèves du fond ne cessaient de bavarder. Et monsieur Sow, furieux, leur intimait de prendre la porte.
Les jours passent, la situation ne s’est guère améliorée. Le cours d’histoire que j’aimais particulièrement, n’était pas la priorité de notre enseignant. Il a préféré se concentrer sur les mathématiques et le français. « Avec cette double classe, je dois me concentrer sur l’essentiel », disait-il.
Cette année-là, ce fut la catastrophe. Sur les 80 élèves, seuls 26 ont eu la moyenne au premier trimestre. J’ai eu la chance de figurer parmi ceux-là.
Mais, je le dois uniquement à mon père qui avait eu la présence d’esprit de trouver un répétiteur pour moi. Ce dernier passait trois (3) fois par semaine pour examiner le programme avec moi.
Mes autres camarades n’avaient pas cette chance. Hélas !
Algassimou Baldé