Kiridi Bangoura: « nous avons à nous expliquer avec les autorités françaises, les yeux dans les yeux … »
Naby Youssouf Kiridi Bangoura, le secrétaire général de la Présidence guinéenne, a pris la charge sur lui pour répondre à la réaction des autorités françaises sur le double scrutin législatif et référendaire de dimanche 22 mars dernier boycotté par l’opposition et émaillé de violences et de morts à Conakry et surtout à N’Zérékoré, au sud du pays, où il y a eu des affrontements meurtriers inter-communautaires.
Dans une déclaration, la France soutient que les élections n’ont pas été inclusives et crédibles. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des autorités guinéennes.
« Les relations internationales sont fondées sur deux principes: le principe de la souveraineté des Etats et les relations que ces États établissent librement, les uns avec les autres et dans ce cadre-là, le gouvernement guinéen prendra toutes ses responsabilités et en termes de souveraineté, et en termes de relations que nous entretenons avec la France, avec la Chine et avec n’importe qu’elle organisation internationale à laquelle nous sommes partie prenante », réplique Kiridi Bangoura, sur Espace FM.
Il se dit être serein, estimant que dans ce genre de processus et de contexte, c’est normal que des partenaires donnent leurs points de vue.
« Nous sommes attentifs et nous sommes en relation avec eux pour discuter de tout cela », dit-il, s’interrogeant si c’est le gouvernement qui a interdit à des partis politiques de ne pas participer aux élections ?
« Ce sont les partis politiques qui ont décidé librement de ne pas participer aux élections. La France a son jugement sur la Chine, sur les Etats-Unis, sur la Suisse voisine, sur la Belgique voisine. Elle a son jugement, son principe et son ressenti avec les uns et les autres. Nous tenons compte de son point de vue, parce que c’est notre partenaire, pas parce que c’est l’ancienne puissance colonisatrice. Nous avons à nous expliquer avec les autorités françaises, tranquillement, amicalement, les yeux dans les yeux, avec la franchise requise . J’aurai aimé que cette déclaration vienne de l’ambassade des Etats-Unis qui a pris la peine d’observer le processus, mais ça a été déclaré par un pays qui n’avait ni observateur », martèle-t-il.
« Le personnel de l’ambassade des Etats-Unis a pris la peine de sillonner tous les bureaux de vote et d’avoir son point de vue. On est dans un exercice où il faut savoir mesure garder. (…) Comment vous pouvez juger un scrutin dont vous n’avez participé ni à l’observation ni à l’organisation et vous n’avez envoyé personne pour attester tout cela? », demande-t-il à la France.
Et de railler : « maintenant, si les affirmations d’une ONG guinéenne suffisent pour définir la politique extérieure de la France et qui a un parti pris dans ce sens-là, nous aviserons ».
Alfa Sow