La démocratie à l’épreuve dure: les manifestations reprennent du service en Algérie

Manifestations en Algérie

Il n’y a plus de doute la prédiction faite par le Cabinet privé américain Stratfor sur une reprise des manifestations du Hirak en Algérie s’est réalisée le 05 octobre 2020 avec des marches de contestataires anti-régime à l’occasion de la journée de commémoration des événements du 05 octobre 1988 et réclamer un régime démocratique.

Il est vrai que les marches du vendredi avaient été stoppées en raison de la COVID-19, mais le peuple algérienne bravant cette pandémie et les interdictions de tout rassemblement public ont organisé, le 05 octobre 2020, des manifestations pour réclamer la libération des prisonniers du mouvement anti-régime qu’est le Hirak.

Ces marches et rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses Wilayas algériennes à savoir Alger, Oran, Bejaia, Ouargla, Biskra, Tlemcen et Annaba. A Béjaia, importante ville de Kabylie, une gerbe a été déposée devant une stèle en souvenir des victimes d’octobre, mais aussi à Beni Ourtilane, près de Sétif, à Annaba et Constantine, selon les réseaux sociaux et le CNLD.

Quant à Alger, la capitale, les manifestants se sont rassemblés et entrer dans le centre-ville et a gagné plusieurs quartiers de la capitale algérienneen scandant « État civil et non militaire », « Le peuple veut le départ du système » et « pour une Algérie indépendante et démocratique » et ce, malgré un présence policière très renforcée tentant de les disperser au moyen de tasers.

Une journée marquée par plus d’une vingtaine d’arrestations, pour la seule Alger,et au cours de laquelle de nombreux appels à poursuivre les manifestations du vendredi ont circulé, ce qui a fait prédire un futur noir pour l’Algérie par le prestigieux quotidien américain « The New York Times ».

En effet, comme l’a si bien écrit Adam Nossiter, son Chef de Bureau à Paris, lequel s’était déplacé à Alger pour interviewer le Président algérien Monsieur Tebboune, « l’espoir d’un changement radical du système politique et d’une vraie démocratie en Algérie se dissipe ».

Pour le quotidien américain, «les vieilles habitudes ont la vie dure dans ce pays du Maghreb qui a vécu près de 60 ans de répression, d’ingérence de l’armée, d’élections truquées, très peu de démocratie et que c’est au sein même de cet ancien régime corrompu que Monsieur Tebboune a construit toute sa carrière ».

Il est vrai que l’État algérien emprisonne les dissidents et que les strapontins de leur Parlement sont à vendre pour des milliers de dollars, d’après les aveux à la justice d’un parlementaire dans cette même Assemblée.

Pour le quotidien new yorkais, deux discours politiques coexistent en Algérie à savoir celui de Monsieur Tebboune, du confort de son bureau au Palais de la Mouradia d’Alger et celui de la rue.

Dans ce même article, il est rappelé que l’armée algérienne s’est très vite imposée sur la scène politique et n’a cessé d’y jouer un rôle capital, ouvertement ou en coulisses. La guerre civile avec les islamistes dans les années 90, qui fit près de 100 000 morts, n’a fait que consolider cette influence.

L’auteur de cet article a même souligné que Monsieur Tebboune, éphémère Premier Ministre sous Monsieur Bouteflika, soupçonné d’avoir été soutenu par Monsieur Gaid Salah, a été élu au terme d’un scrutin auquel ont pris part moins de 10 % de la population et rappelle l’arrestation et la condamnation pour atteinte à l’unité nationale du journaliste Khaled Drareni pour avoir dénoncé un système qui se renouvelle sans cesse et refuse le changement.

Durant son interview avec le Président algérien, le journaliste américain note que ce dernier a encouragé ses Ministres, d’habitude réticents, à se laisser interviewer, allant même jusqu’à inciter son Chef d’Etat-Major, le Général Saïd Chengriha, âgé de 75 ans, d’ordinaire inaccessible aux médias, à s’y prêter également sans convaincre.

S’agissant de l’affirmation du journaliste du New York Times affirmant que le Général Chengriha et Tebbounese réunissent au moins deux fois par semaine pour s’entretenir de la situation du pays, de plus en plus instable en raison de la baisse du prix du pétrole, il semblerait qu’elle soit totalement fausse.

Comment peut voir un Chengriha faire le tour des casernes dans l’Ouest algérien et un Tebboune cloîtré dans sa résidence de la Mouradia à Alger comme le dit si bien la presse algérienne asservie.

D’ailleurs, le quotidien new yorkais rappelle que le pétrole et le gaz constituent plus de 90% des exportations de l’Algérie et qui pour se sortir du gouffre actuel, à besoin d’un baril à 100 dollars, ce qui est loin de la réalité actuelle d’un marché en chute libre.

 

 

De notre correspondant au Maroc, Farid Mnebhi

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