Algérie: réponse cinglante du peuple algérien à Tebboune
Le 12 mars 2021, l’Algérie se réveillait dans un blackout total d’Internet et ce, avant l’entame de son troisième vendredi consécutif des manifestations du mouvement Hirak et un important dispositif de sécurité a été déployé dans les principales artères de la capitale ainsi que dans les autres villes du pays pour dissuader les citoyens de descendre dans la rue et éviter tout débordement.
Mais, à l’occasion de la 108ème semaine de Hirak pacifique algérien, la population algérienne a bravé les forces de sécurité algériennes défilant dans les grandes villes algériennes, notamment à Alger, Constantine, Mascara, Tiaret, Oran, Annaba, Tizi Ouzou, Bejaia, Bouira, Skikda, Bordj Bou Arreridj, Ouargla, Setif et tant d’autres ville et villages, scandant une multitude de slogans, appelant à travers ces derniers un changement radical et exigeant le départ de tous les symboles de régime et dénonçant la corruption.
Ainsi, plusieurs dizaines de milliers de citoyens, accompagnées de drapeaux algériens et berbères, ont défilé dans la plupart des grandes villes du pays pour s’opposer au régime algérien actuel et surtout pour répondre à la décision du Président Tebboune de convoquer le corps électoral et la programmation des élections législatives pour le 12 juin 2021.
D’ailleurs, les slogans scandés par les manifestants algériens, ce 12 mars 2021, ciblaient clairement les Généraux et leur pantin placé comme Président, avec une attention particulière aux Généraux à la retraite Mohamed Mediène (dit Toufik) et Khaled Nezzar puisque les manifestants ont demandé à ce qu’ils paient pour leurs crimes pendant la décennie noire.
Parmi les slogans scandés par les manifestants algériens on citera ceux-ci « Ma kayen chi intikhabat (il n’y aura pas d’élections) », « Tebboune Mezaouar, Djabouh L3askar makan’ch echar3ia (Tebboune l’usurpateur est imposé par les militaire et n’est pas légitime) », « Moukhabarat irhabya, taskott al mafia alaskaria (les services de renseignement sont des terroristes, à bas la mafia militaire) » et la la chanson emblématique révoltante de chanteur engagée ali ideflewen « egget iyi abrid ad εaddiγ ». .
Toutefois, le slogan phare des manifestations du 12 mars 2021 reste « Dawala madania machi askaria (un Etat civil, pas militaire) », d’autant que cette fois encore le Hirak a clairement réagi aux insultes des Généraux à son égard, par médias officiels interposés, en particulier dans les colonnes du dernier numéro du porte-voix officiel des militaires, la revue El Djeïch.
Le mouvement Hirak a été qualifié cette semaine, par l’armée algérienne, de bande de traîtres manipulés par l’étranger et de terroristes pour avoir exigé un Etat civil et non militaire. En plus de la revue militaire, les organes officiels, comme l’APS, l’ENTV, El Moudjahid et autre presse à la solde du régime militaro-oligarque ont été hués et honnis par les manifestants.
Il y a lieu de noter que les manifestations de ce 12 mars 2021 ont été marquées par une violence inouïe des forces de sécurité algériennes et des nervis (Baltaguis) au service des Généraux contre les Hirakistes. Même les journalistes présents, notamment une équipe de la chaîne internationale de télévision France 24, ont fait l’objet d’une ratonnade par les Baltaguis afin qu’ils ne rapportent pas fidèlement le déroulement de la manifestation.
De plus, la tension est montée d’un cran suite à de multiples actions policières d’une rare violence à l’encontre des manifestants, dont des femmes et enfants et de nombreuses interpellations violentes ont été opérées par les forces de sécurité algériennes.
A Oran, l’Avocat Farid Khlisti, et Chouicha Kaddour, militant des Droits de l’Homme et professeur de Génie civil à l’Université d’Oran, ainsi que son fils ont été battus par la police alors qu’un homme est décédé après avoir été battu à mort par les services de sécurité qui se sont permis d’embarquer manu militari un gamin de 07 ans. Dans cette même ville, les manifestants, témoins de spectacles atroces, où enfants et vieilles personnes pleuraient, le visage tuméfié, et hommes gisant à terre gigotant, ont crié en coeur « Ntouma l’corona, ntouma l’irhab, (vous êtes le coronavirus, vous êtes les terroristes) ».
Dans la Wilaya de Tiaret, dans l’Ouest de l’Algérie, le Coordinateur National du Mouvement Démocratique et Social (MDS), Fethi Ghares, les deux militantes et cadres du parti, Messaouda Cheballah et Khadidja Belkhoudja, ainsi que l’ancienne détenue d’opinion Dalila Touat ont été arrêtés par la police. A Tizi Ouzou, plusieurs militants ont été interpellés par les forces de l’ordre dont Kaci Saïdani, Hmimi Belkacemi et son père tandis qu’à M’Sila une vingtaine de personnes ont été arrêtées et 36 autres blessées, dont08 évacuées à l’hôpital de la ville.
Cette journée du 12 mars 2021 a été au final une réponse cinglante de la rue à la convocation par le Président Tebboune du corps électoral pour le 12 juin 2021 et une démonstration de force du mouvement Hirak pour son 108 ème vendredi et ce, malgré les menaces et insultes de l’armée algérienne.
Farid Mnebhi, correspondant au Maroc