Le 12 juin 2021, jour du grand mensonge des autorités algériennes !
Le scrutin législatif anticipé du 12 juin 2021 devrait permettre d’élire pour cinq années les 407 députés de l’Assemblée Populaire Nationale algérienne afin de redonner un semblant de légitimité aux institutions algériennes.
Mais, ce scrutin est rejeté au sein du Hirak et par une grande partie de la classe politique dans un contexte de grave crise économique et de répression accrue, raison pour laquelle il sera promis une forte abstention.
Sauf surprise, le scrutin devrait consacrer un Parlement fortement conservateur, porté par une nébuleuse de partis islamistes, dont les deux plus importants sont le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) issu des Frères musulmans et « El Bina », une formation dissidente du MSP.
Ce scénario serait inédit en Algérie encore meurtri par la « décennie noire », guerre civile déclenchée, en 1991, par l’annulation des élections législatives après un premier tour favorable au Front Islamique du Salut (FIS). Trente ans plus tard, les islamistes se semblent plus inquiéter le pouvoir.
D’ailleurs, les internautes algériens les appellent les « candidates sans visage ». Sur les affiches de campagne bigarrées et à moitié déchirées qui tapissent les murs d’Alger, à l’approche du fatidique 12 juin 2021, plusieurs partis présentent des femmes sans photo, toutes figurées par le même dessin stylisé, ovale blanc coiffé d’un voile noir. Il n’en fallait pas plus pour déclencher sur les réseaux sociaux une polémique sur l’emprise des islamistes dans la politique algérienne.
Ce qui a frappé dans cette campagne électorale inexistante c’est le manque d’engouement constaté par les responsables des partis politiques et du coup, faute de grands meetings électoraux, la pseudo campagne s’est principalement déroulée sur les réseaux sociaux, raison pour laquelle des alertes ont été données sur ces ayatollah de la haine qui ont inondé la place publique et saturé l’espace médiatique.
Ces acteurs politiques en mal d’arguments ont multiplié impunément les provocations en particulier dans un registre raciste contre la communauté berbère de Kabylie raison pour laquelle ils les appellent « Les hyènes sont lâchées » !
Cette dangereuse tendance, loin d’être inédite dans l’histoire algérienne et consistant à désigner la minorité Kabyle comme responsable de tous les maux du pays, n’est pas dénuée d’arrière-pensées politiques.
Il a été vu ces deux dernières années des porteurs de drapeaux kabyles dans les manifestations du Hirak se faire violemment interpeller et emprisonner par les militaires algériens qui, avec désinvolture, associent le mouvement d’affirmation Kabyle aux troubles du Hirak afin de diviser et d’affaiblir ce dernier.
A ce jour, les Algériens sont préoccupés par les difficultés sociales et économiques avec la pandémie de la COVID-19 ainsi que la chute des revenus pétroliers. C’est pourquoi ces législatives, sans une partie de l’opposition et rejetées par le Hirak, conduiront à un taux de participation très faible, qui plus est, pour élire des députés sans grand pouvoir.
L’Exécutif, dans la Constitution algérienne, et le Président algérien en particulier, est surpuissant et la réalité du pouvoir en Algérie n’est pas entre les mains des autorités civiles. En Algérie, ils appellent cela le Haut Commandement Militaire, seul à détenir le pouvoir réel. Donc, l’enjeu en termes de changements est extrêmement faible et l’Algérie risque donc de rester dans l’impasse politique.
Aussi, l’enjeu de ce scrutin du 12 juin 2021 c’est surtout, pour Tebboune et les siens, de se donner la légitimité électorale qui leur manque encore, de parachever la normalisation institutionnelle qui permettrait de dire que cette fois, avec un nouveau parlement élu, on peut refermer la page de la transition politique et avec elle, celle du Hirak.
Raison pour laquelle, depuis plusieurs jours, le Président Abdelmadjd Tebboune multiplie les interviews dans la presse internationale à travers lesquelles il promeut notamment une reconstruction de la République tout en promettant un changement à travers le renouvellement de la classe politique au sein du Parlement algérien.
Force est donc de constater que l’électorat algérien semble aujourd’hui complètement blasé alors que vient de s’achever la pseudo campagne électorale de ces législatives.
Quoi qu’il en soit, le 12 juin 2021 sera une journée vide de monde en Algérie mais où les urnes des élections législatives algériennes seront bourrées à ras bord comme par enchantement. Un scénario qui n’existe que dans les dictatures arriérées.
Au fait, ont-ils entendu le Lion de l’Atlas rugir au Sahara marocain ? Des rugissements qui ont fait fuir les terropolisariens infiltrés dans la région de Mahbes, ville du Sahara marocain, et rendu blanc de honte les troupiers algériens !
Farid Mnebhi,