Etienne Soropogui en colère: « Tôt ou tard, l’oppression vous revient à la figure comme une balle de tennis… »
S’il y a un constat qui fait aujourd’hui l’unanimité et qui semble être partagé par tous, c’est que nous commençons à toucher le fond. Jamais dans l’histoire politique de notre pays, en tout cas depuis l’avènement de la démocratie multipartite, l’appareil étatique ne s’est montré si prédisposé et déterminé à restreindre l’exercice des libertés fondamentales.
Aucun des régimes précédents ne s’était montré si résolu et déterminé avec haine et mépris à persécuter les guinéens et à resserrer les vices de la machine répressive. Il y a comme une entreprise étatique conçue de manière démesurée, dont la visée ultime est de faire taire systématiquement toutes les voies dissonantes.
Même la sacro-sainte corporation des médias, garante de l’expression plurielle des opinions fait les frais de cette pulsion destructrice de la junte militaire guinéenne.
Nous faisons malheureusement face à un remake, avec une magnitude un peu plus importante, des pratiques autoritaristes qui avaient été invoquées pour justifier la prise du pouvoir par les militaires le 5 septembre 2021. Nous sommes dans un contexte où la plupart des libertés se trouvent être comprimées. Il en est ainsi de la liberté de réunion des formations politiques. (Les sièges des partis politiques sont fermés).
Les militants et responsables pro-démocraties sont à nouveau emprisonnés. (Plus de 100 personnes en détention). Les leaders d’envergure sont insidieusement maintenus en exil sans compter les restrictions sur les déplacements hors territoire national de plusieurs responsables politiques et de la société civile.
On dénombre 5 personnes tuées lors des dernières manifestations. Les principales artères de la capitale sont militarisées. On va jusqu’à « dissoudre » un mouvement citoyen (FNDC) au rayonnement international sous le prétexte fallacieux qu’il n’a pas d’existence légale. Alors que tout le monde sait que le FNDC est une coalition composée d’organisations politiques et sociales bien connues.
Aucune loi n’interdit aux structures politiques et sociales ayant une vision commune de se mettre ensemble pour mener une lutte. En moins d’une année, les putschistes ont réalisé l’exploit de positionner notre pays dans les mêmes standards que la Corée du Nord et la Birmanie. Bravo !!!
Mais il paraît que quand on a touché le fond, il n’y a pas d’autres alternatives que de remonter à la surface. C’est une loi physique. Et la plupart des tyrans ou apprentis tyrans apprennent cette amère leçon à leur dépens et le plus souvent quand il est bien trop tard.
Tôt ou tard, l’oppression vous revient à la figure comme une balle de tennis qu’on aura lancée violemment sur un mur tel un boomerang. Je voudrais enfin lancer une interpellation patriotique à l’endroit de certains membres du gouvernement ou proches de la junte militaire avec lesquels je crois avoir des valeurs en partage, en tout cas dans un passé récent.
Vous devez pendant qu’il est temps, prendre la parole pour vous soustraire des dérives ignominieuses et les mesures liberticides inédites qui commencent à marquer la conduite de la transition dans notre pays. A l’image du Premier ministre Mohamed Beavogui, je vous encourage à vous éloigner de ces pratiques et à refuser d’en être comptables.
Ce que vous allez dire ou faire ne va pas forcément stopper l’hémorragie ou arrêter les dégâts, mais vous devez par conscience personnelle le faire, parce je sais que pour plusieurs d’entre vous, vous avez accepté vos positions actuelles uniquement pour servir la Guinée et non pour la violer.
Etienne Soropogui
Président du mouvement politique » Nos Valeurs Communes »