Tribune : la CEDEAO est-elle en perte de vitesse ?
L’Afrique de l’ouest renoue encore avec les vieilles habitudes du passé. Les coups d’Etat dans la zone CEDEAO, la vieille institution en chemin de perdre toute sa crédibilité et sa valeur ou une perte de vitesse des années 90.
Ses interventions dans la résolution des conflits, son implication pour trouver un consensus dans les différentes crises, de la guerre civile au Libéria dans les années 90, en la Sierra Léone, en Guinée-Bissau et la lutte d’indépendance de la Casamance (Sénégal). À cette époque, l’institution sous-régionale était tellement sollicitée dans la résolution des crises et avait un grand poids, prenait ses propres décisions sans une interférence de la communauté internationale. Elle se suffisait sur tous les plans et avait une indépendance totale et une performance stratégique dans la gestion des crises internes et extrêmes des États membres.
Mais depuis 2000, la communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest a opté pour une autre forme de résolution des différends et des processus de maintien au pouvoir des dirigeants sous-régionaux. Elle a été incapable d’intervenir dans le changement de la constitution en Guinée, dans le conflit ivoirien, dans la lutte contre le terrorisme au Mali, au Burkina Faso et à empêcher des tueries dans les manifestations et les problèmes socio-économiques.
Cette faiblesse nous a conduits à une ‘’invasion’’ militaire russe qui n’est autre que la présence de Wagner dans certains pays. Ce même groupe militaire qui intervient en Centrafrique, vient d’être acclamé au Burkina Faso, comme pour dire que les institutions sous régionales africaines ne sont plus en mesure de face aux menaces et manquent de politique pour défendre nos différentes causes.
Le peuple ouest-africain se désolidarise des gouvernants et qui aujourd’hui ovationne les militaires au pouvoir. Ces derniers moments, nous constatons dans les manifestions une réclamation de la société militaire privée Wagner et qu’on scande la faiblesse de la CEDEAO. Toutes ces frustrations se remarquent également au milieu des forces de défense. La banalisation des problèmes internes de la part de la CEDEAO qui ne s’implique pas à fond pour résoudre ces maux qui assaillent nos différentes sociétés.
Les coups d’Etat ne sont pas une solution, mais ils sont devenus aujourd’hui un moyen pour dire non aux malversations de nos dirigeants ouest africains. Depuis les menaces terroristes au Mali, les observateurs se demandent que fait réellement la CEDEAO ? Militairement, elle n’existe plus. Depuis la survenue des coups d’États en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, qu’est-ce qui a été fait pour soulager les populations vivant de cette institution. Quel rôle est en train d’être joué pour éviter ses erreurs du passé ? À mon entendement rien.
Nous nous rappelons tous de la vérité crue du Premier Ministre par intérim du Mali, Abdoulaye Maïga à la la tribune des Nations-Unies, qui a assuré que le peuple malien restait reconnaissant des efforts et des sacrifices consentis par la Mission des Nations Unies, la MINUSMA, mais a estimé que près de 10 ans après son établissement, les objectifs pour lesquels elle a été déployée au Mali « ne sont pas atteints ».
Pour le moment rien et rien n’est en train d’être fait par la CEDEAO pour la sauvegarde de la paix et la sécurité, si c’est ne que son laxisme face au diktat de l’occident et de l’ONU. La multiplication des crises face à une CEDEAO qui est en perte de vitesse. Une ONU incapable de se tirer d’affaire en RD Congo, en Centrafrique, qui risque d’être chassé par les soulèvements populaires de la jeunesse.
Le Burkina Faso sombre par les attaques djihadistes, la pauvreté et les coups d’Etat, sous les yeux impuissants de l’instance régionale de l’Afrique de l’ouest, qui est inefficace de former ou de mobiliser ses forces de défense et de faire respecter la bonne gouvernance.
En Guinée, l’organisme régional a exigé que les putschistes rétablissent l’ordre constitutionnel en Guinée sous les menaces de sanctions.
Mais, la crise guinéenne reflète son déficit de légitimité. La CEDEAO a été silencieuse lorsque le Pr Alpha Condé effectuait son coup d’Etat constitutionnel pour un 3ème mandat. Si l’organe régional cherche à être meilleure de la bonne gouvernance, elle doit s’attaquer aux vrais maux de l’instabilité politique et des coups d’Etat.
Elle doit mener une guerre d’abus de pouvoir et les changements de constitution. « Le piège pour les hommes politiques est de se sentir invulnérables, intouchables. Cela conduit à négliger des choses que l’on juge à tort subalternes », Roland Dumas.
Sidiki Mara
Communicateur
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