Affaire Foniké Menguè et Cie : « c’est la pression qui a joué,  pas le droit qui les a libérés » (Me Salif Béavogui)

Me Salif Béavogui AVOCAT

La libération de Foniké Menguè et Cie, acteurs du FNDC dissout, est qualifié par le pool d’avocats de dysfonctionnement de l’appareil judiciaire guinéen. Interrogé par nos confrères d’espace TV, le jeudi 12 mai 2023, dans l’émission Les Grandes Gueules, l’un des conseils de ces activistes est monté au créneau pour dénoncer cette manière de passer à côté  du droit. Me. Salif Béavogui a tout d’abord félicité le collectif qui a été très soudé ainsi que le barreau de Guinée dont il relève avant de rentrer dans le vif du sujet.

« Tout d’abord je remercie le collectif qui a été très soudé ainsi que le barreau de Guinée. Je suis révolté et complètement désemparé quand je vois que la justice refuse de faire son travail. (…) Quand un dossier est judiciaire, la solution ne peut être que judiciaire. Mais très malheureusement les activistes de la société civile, on les arrête politiquement, on les  libère politiquement. Et, la justice endosse le fardeau. Tout porte à croire qu’ils étaient juste confiés à la justice, mais leur sort était géré par autres organes de l’Etat. Je le dis en connaissance de cause. Hier ils ont été  libérés, nos clients ont refusé d’être libérés de la sorte. Nous avocats, nous avons refusé qu’ils soient libérés de la sorte. S’ils devraient l’être, ils devraient être libérés à l’audience typique parce qu’ils ont été arrêtés pour des faits prévus par le code pénal, ce qu’on avait toujours rejeté depuis 11 mois. Nous avons demandé depuis 11 mois aux magistrats de prendre leur responsabilité de ne pas cautionner l’injustice, l’arbitraire, ils ont refusé. Hier le parquet général qui décide de les libérer sous la base d’un simple ordre de mise en liberté. Alors que c’est une décision judiciaire qui devrait les libérer. Donc, je suis révolté parce que ça ternit l’image du barreau. Il y a eu beaucoup de tractations qui en ont suivi. Mais nous, nous sommes restés fermes sur notre position, la cour suprême a rendu son arrêt tant bien que mal. Nous devions aller ce matin devant la juridiction du fond, c’est là où ça devrait se discuter. Et, nous aurions pu nous défendre et nous savions qu’ils devraient être libérés. Mais en lieux et place, une décision régulière de mise en liberté. C’est-à-dire qu’on les met en prison, qu’on leur libère quand on veut, alors que l’affaire est dans les mains de la justice. Vraiment je ne sais pas où donner la tête, je suis complètement désarticulé », dénonce-t-il.

Selon lui, les mauvaises habitudes ont la peau dure : « deux membres du gouvernement ont été libérés de la sorte. On a accepté et la vie a continué, mais aujourd’hui il faut que cela cesse. Si on arrête les citoyens, on confie leur sort à la justice, il faut que la justice joue son rôle, il faut qu’on limite que d’autres pouvoirs viennent influencer la justice. Nos clients ont été libérés hier contre leur volonté, ils ont refusé, on les a obligés, finalement  ils n’avaient plus de chance, ils sont sortis de prison. Mais ce n’était pas la bonne manière. Nous avons compris simplement que c’est la pression qui a joué,  ce n’est plus le droit qui leur a libérés. Mais c’est la pression, c’est le pouvoir qui leur a libérés. »

 

 

 

Albert Sovogui pour ziama.info

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