Guinée : pourquoi détestons-nous autant nos politiques et nos gouvernants ?
« La démocratie ne va pas de soi, elle doit assurer au plus faible les mêmes opportunités qu’au plus fort. » Chers compatriotes : au travail ! Les citoyens jugent ou se reconnaissent dans leur système politique autant sur la qualité de la gouvernance, que sur la qualité de la démocratie. Ainsi des politiques publiques positives et efficaces sont attendues, autant qu’une compétition politique transparente.
Une transition militaire n’est pas là pour construire le développement, c’est d’abord avant et après ce qu’on doit qualifier d’accident démocratique, une rectification du tripatouillage constitutionnel, avec l’injonction faite à tous d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Le développement est un processus, ponctué d’étapes, adossé à des objectifs qui ne peuvent qu’être soumis au suffrage universel et qui obligeront le Président démocratiquement élu pour son mandat : c’est un programme de société.
Une transition militaire n’est pas un mandat présidentiel, c’est le moyen de s’en sortir sans plus.
La confiance des citoyens dépend de l’opinion qu’ils ont sur ceux qui dirigent le pays et leurs actions. Prenons là à ce jour comme un indicateur de satisfaction de la transition, un peu comme un sondage, mais sûrement pas comme un objectif politique en soi.
Soyons clairs : dans un État démocratique, on doit assurer à chacun une reconnaissance constitutionnelle à pouvoir briquer un mandat, on doit garantir aux journalistes leurs libertés d’enquêter, de soutenir ou de dénoncer, dans le cadre du débat public. Il faut dès aujourd’hui, sanctuariser la presse vis-à-vis des puissances de l’argent et de l’influence de l’État.
La méfiance ne provient pas seulement d’une détérioration de l’image des institutions démocratiques, elle s’encre parfois dans le bilan d’un passé post colonial, mal géré. Sortons-en !
Confiance sociale et confiance politique sont par contre liées, l’État doit alors être une institution protectrice et respectueuse, mais ces confiances ne sont pas identiques. Nos concitoyens vivent au quotidien : la malnutrition, les problèmes de santé primaire, l’exile subi, le chômage, la famine et l’immigration et mesurent la corruption et le népotisme encore vivaces.
Et pendant ce temps nous devrions subir les discours clivants du Président de la transition et du porte-parole du gouvernement qui exacerbent les tensions au sein de la population ? Non …
N’allons pas attiser la révolte et le chaos pendant que « la maison souffre ». Si celles et ceux qui prennent la parole ne peuvent pas délivrer les messages de rassemblement, de paix, de tolérance et de justice, alors nos responsables de la transition doivent se taire. La devise de la transition doit être : Le PEUPLE sa DÉCISION et la LOI son RESPECT.
C’est ainsi que la Guinée sera un pays de LIBERTÉS. Souvenons-nous de la parole du Mahatma Gandhi « la non-violence, est la seule force que l’humanité ait à sa disposition. Elle est plus puissante, que l’arme la plus destructive inventée par l’Homme ». Rien de naïf dans ce propos et tout est dit. Pourquoi en Guinée le Droit se confondrait-il avec la force ? La controverse ou la contestation ont leur place, mais l’affrontement est inacceptable à ce moment précieux de la reconstruction démocratique. La préservation de la paix civile doit être le souci constant et premier des leaders politiques et des gouvernants.
Le chemin vers la démocratie est long, sinueux : élections, séparation des pouvoirs, vote des lois en sont les premières étapes. Les errements du processus de dialogue et l’absence de volonté sincère de refonder notre société ne montrent pas le bon chemin : ils doivent cesser.
La justice doit être indépendante et soumise à des règles objectives, par des lois dont la mise en application exige des évaluations constantes et un contrôle crédible. Une société exposée aux risques de la méfiance et de la défiance voudra y échapper, elle prendra les chemins difficiles de la confiance dans les individus et les institutions et devra compter sur le refuge offert par des juges indépendants et soumis à la loi.
Pour éviter toutes confusions sociales dans notre pays, cessons donc de nous complaire dans l’ethnocentrisme et le régionalisme, construisons ensemble notre société démocratique : des élus représentatifs, constructeurs de la loi, des journalistes libres et des juges indépendants.
Amadou Bâh