An 66 de la Guinée : Dr Faya Millimouno salue « la mémoire de tous les martyrs de notre histoire récente »
Président du Bloc Libéral – Guinéennes et Guinéens, mes chers compatriotes,
En ce 66ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, j’ai l’honneur et le plaisir de m’adresser à vous, au nom du Bloc Libéral, en tant que citoyen et serviteur de notre chère patrie. Nous célébrons aujourd’hui non seulement la bravoure de nos aînés de 1958, qui ont mené notre pays à l’indépendance, mais aussi leur vision courageuse, qui a tracé la voie pour une Guinée libre, souveraine, responsable et respectée sur la scène internationale. Leur engagement demeure un phare qui éclaire notre chemin vers un avenir prospère.
En ce jour solennel, il est de notre devoir de saluer également la mémoire de tous les martyrs de notre histoire récente, ces défenseurs de la liberté qui, au prix de leur vie, ont préservé nos droits naturels à la liberté et à la dignité. Leur sacrifice doit constamment nous rappeler l’importance de protéger nos acquis et de continuer à œuvrer pour une Guinée unie, juste et prospère où il fait bon vivre.
Chers compatriotes
La célébration de notre indépendance doit aussi être un moment de profonde réflexion sur le présent et l’avenir de notre nation. En ce jour, nous devons nous interroger sur les défis du moment et les moyens de consolider les bases d’un État plus juste et plus prospère. C’est pourquoi je souhaite aborder les chantiers majeurs en cours d’exécution dans notre pays.
Ainsi, le projet de nouvelle Constitution, initié par le Conseil National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) dans la perspective d’une fin de transition, revêt une importance capitale pour notre avenir. Il est donc essentiel que cette constitution soit le reflet des aspirations profondes du peuple guinéen.
Chers compatriotes, militantes et militants du BL
Certains moments dans le monde politique, exigent de la part des dirigeants, des clarifications qui permettent de juger de leur capacité à se mettre au-dessus des contingences partisanes et passagères, au nom de l’intérêt supérieur de la nation. C’est dans cette optique que j’ai décidé de préciser la position du BL et du premier responsable que je suis, par rapport au retour à l’ordre constitutionnel.
1- L’assurance est donnée que le Referendum aura lieu en fin d’année 2024. Il faut s’en féliciter.
2- Concernant la candidature indépendante, le Bloc Libéral estime que la Constitution doit demeurer impersonnelle, regarder loin et dépasser les épisodes qui jalonnent et qui Jalonneront le parcours politique de la nation. Il faut que les citoyennes et citoyens de demain, grâce à la Constitution puissent participer à la vie politique de leur pays, même s’ils ne sont pas membres d’un parti politique. Le peuple de Guinée doit accepter toute candidature de guinéennes et guinéens saints d’esprit et de corps, qui jouissent pleinement de tous leurs droits civiques et politiques. Le peuple souverain de Guinée aura ainsi le droit et le devoir de choisir, en toute responsabilité, parmi les candidats en lice, celui ou celle qu’il juge capable de conduire sa destinée pour le temps qui lui sera imparti par la Constitution. Seule la démocratie doit triompher !
Nous devons œuvrer pour que cette Loi fondamentale garantisse la limitation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, et une gouvernance modérée, efficace, transparente et responsable.
Le Bloc Libéral se réjouit de la méthode inclusive utilisée pour l’élaboration de cette nouvelle Constitution et propose des réformes claires pour un cadre institutionnel solide et durable. Parmi ces propositions, nous plaidons toujours pour une décentralisation accrue, une diminution du nombre des institutions républicaines et de la taille du gouvernement, du renforcement des institutions judiciaires, ainsi que des mécanismes de contrôle. Ces réformes sont essentielles pour asseoir une démocratie véritablement inclusive et participative, où chaque Guinéen aura la voix au chapitre.
Chers compatriotes
Un fait marquant de cette transition est sans doute le démarrage effectif du procès des événements douloureux du 28 septembre 2009. C’est un moment de notre histoire qui a laissé des cicatrices profondes. Ce procès qui continue, doit être un exemple de justice impartiale, où les victimes obtiennent effectivement réparation et où les vrais coupables répondent de leurs actes devant la loi. Ce chapitre douloureux doit nous enseigner que l’impunité n’a plus de place en Guinée. La justice étant la pierre angulaire d’une société démocratique, nous nous devons de veiller à ce qu’elle soit rendue dans la transparence et l’équité.
Les efforts du CNRD dans la lutte contre la corruption et l’impunité sont louables. Toutefois, ces initiatives doivent être accompagnées d’un renforcement institutionnel solide et d’une vigilance accrue pour éviter tout excès. La transparence et le respect des droits fondamentaux doivent rester au cœur de cette dynamique de lutte contre le fléau de corruption et de détournement des ressources publiques.
Mes chers compatriotes, Je ne saurais continuer cette allocution sans m’étaler sur une des situations les préoccupantes aujourd’hui. En effet, notre nation traverse des moments difficiles, marqués par une montée inquiétante de l’insécurité. Des villes aux régions, des quartiers riches aux plus pauvres, personne n’est épargné par ce phénomène. Cette insécurité, alimentée par des actes de violence, de kidnapping, de disparitions forcées et d’assassinats, affecte gravement notre économie, freine nos ambitions de développement et, plus que tout, sape la confiance des citoyens dans leur avenir et dans les institutions chargées de les protéger.
L’inquiétude est immense partout. Presque tous les Guinéens craignent pour leur propre sécurité, celle de leurs enfants, de leurs proches, de leurs familles ainsi que de leurs biens durement acquis soient irréversiblement affectés. Chaque fois que des meurtres se produisent, c’est une partie de notre tissu social qui se déchire, et c’est un sentiment d’impuissance qui grandit au sein de notre population. Et pourtant les citoyens ont le droit de vivre dans la paix, la quiétude et la sécurité. Il est du devoir de l’État, de garantir ce droit fondamental. Nous devons toujours garder à l’esprit que la sécurité ne peut être durablement assurée sans le respect scrupuleux des droits de l’homme.
Une société qui cherche à imposer l’ordre au détriment de la liberté, de la dignité et de l’égalité n’apporte qu’une paix illusoire. La répression, les atteintes
aux libertés individuelles et collectives ne feront que renforcer les tensions et creuser les divisions de la société. Nous l’avons vu dans d’autres pays : la violence ne peut pas être combattue efficacement par plus de violence ou par la mise en place d’un système répressif. Cela n’aboutit qu’à créer de nouvelles injustices, à fragiliser davantage notre société et à engendrer de nouvelles générations de frustration et de colère.
Il est donc de notre responsabilité collective de trouver une voie équilibrée. Nous devons renforcer notre appareil sécuritaire, oui, mais cela ne doit jamais se faire aux dépens des principes qui fondent la démocratie. La formation de nos forces de l’ordre, le respect scrupuleux des procédures judiciaires, et l’assurance que chaque citoyen, quel que soit son statut ou son origine, est traité avec équité doivent être des priorités non négociables. Nous devons créer un environnement où la loi est respectée, où chacun sait que ses droits sont protégés, mais aussi que ses responsabilités envers la société sont prises au sérieux.
Les citoyens eux-mêmes ont un rôle crucial à jouer. Il est de notre devoir, en tant que membres d’une même nation, de nous unir contre les forces qui cherchent à nous diviser et à semer la violence. Cela implique non seulement de dénoncer les comportements criminels, mais aussi de refuser la stigmatisation de groupes entiers de notre population en raison des actions de quelques-uns. La peur et le rejet de l’autre sont des graines de discorde qui, une fois semées, sont difficiles à arracher. Notre diversité est une force, pas une faiblesse, et c’est dans l’unité et la compréhension mutuelle que nous trouverons les solutions aux défis auxquels nous faisons face.
Enfin, je tiens à souligner que c’est par le développement économique et social de notre pays que nous parviendrons à combattre l’insécurité croissante, les sempiternelles contestations ou manifestations. Lorsque nos jeunes manquent d’opportunités, lorsqu’ils sont sans espoir, ils deviennent plus vulnérables à l’appel de la violence, du crime et de l’extrémisme. C’est pourquoi nous devons renforcer nos efforts pour créer des emplois, offrir une éducation de qualité et assurer que tout citoyen puisse participer pleinement à la vie économique et sociale de notre pays. La prospérité partagée est l’un des remparts les plus efficaces contre les contestations.
Mes chers compatriotes
La situation est certes difficile, mais elle n’est pas insurmontable.
Ensemble, nous pouvons et nous devons trouver des solutions justes, humaines et efficaces pour restaurer la paix et la sécurité, garants d’un bon vivre-ensemble durable dans notre pays. Mais ces solutions ne doivent pas sacrifier les droits de l’homme sur l’autel de la peur ou de l’urgence. C’est par le respect de la dignité humaine, par la promotion de la justice et par la consolidation de l’unité nationale que nous parviendrons à bâtir une société plus sûre, plus harmonieuse et plus prospère. J’invite donc chacun d’entre nous, à jouer son rôle dans cette quête pour un avenir meilleur. L’avenir de notre pays dépend de notre capacité à surmonter nos égos et à construire ensemble un avenir fondé sur la justice et la paix.
Chers compatriotes
Je termine ce message par l’expression d’une compassion à l’égard de tous nos compatriotes victimes d’inondation à travers le pays. J’invite tous les militants et les militantes du BL à leur témoigner leur solidarité.
Je vous remercie.
Vive la démocratie, Vive le Bloc Libéral, Vive la République !
Que Dieu bénisse la Guinée